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LES ORIGINES DU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN

Alors que le Proche-Orient baigne régulièrement dans le sang, la recherche d’une solution équitable implique que l’on s’attaque aux racines du conflit. La sagesse [juive], dans sa forme conventionnelle, a l’habitude de rappeler que, même si les deux parties ont leur part de responsabilité, les Palestiniens sont des « terroristes » irresponsables sans aucun point de vue valable méritant d’être écouté. Cependant, nous, nous pensons que les griefs des palestiniens sont parfaitement justifiés : durant la création de l’Etat d’Israël, ils ont été dépossédés de leur terre d’origine plus que millénaire, sans qu’on leur demande leur avis et surtout par la force. Et tous les crimes ultérieurs – commis de part et d’autre – sont la conséquence inéluctable de cette injustice.

Cet exposé décrit l’histoire de la Palestine dans ses grandes lignes. Son but est de démontrer de quelle manière ce processus s’est déroulé et à quoi devrait ressembler une solution morale aux problèmes de la région. Si vous vous intéressez aux peuples du Proche-Orient, les Juifs et les Arabes, vous vous devez de lire cette contribution à l’autre face de l’histoire.

SOMMAIRE :

Avant la première immigration des Hébreux, vers 1800 av. J.C., le pays de Canaan était occupé par les Cananéens.

Le véritable héritage ancestral des Palestiniens

Le règne des Juifs ne représente pas plus qu’une simple période de toute l’histoire de la Palestine ancienne

Plus sur la civilisation cananéenne

Pendant quelle durée la Palestine a-t-elle été spécifiquement un pays arabe ?

Comment la propriété terrienne en Palestine était-elle organisée et quand cela a-t-il changé ?

L’opposition arabe à l’arrivée des sionistes provenait-elle de leur soi-disant antisémitisme inhérent ou plutôt du véritable sentiment de péril qu’ils éprouvèrent quant à l’avenir de leur communauté ?

Vous avez dit un antisémitisme inhérent ?

L’attitude des Juifs envers les Arabes, à leur arrivée en Palestine

Propositions en vue d’une coopération judéo-arabe

Lorsque le mouvement sioniste débuta, la Palestine était-elle la seule destination, voire celle préférée, des Juifs confrontés à la persécution ?

La déclaration de Balfour promet une patrie juive en Palestine.

La Palestine n’était-elle pas une terre laissée à l’abandon avant l’immigration des Juifs ?

Les premiers sionistes avaient-ils l’intention de vivre côte à côte avec les Arabes ?

Confrontés à une opposition arabe, les sionistes ont-ils soutenu l’installation d’un gouvernement majoritaire en Palestine ?

Le rejet du droit à l’autodétermination pour les Arabes

La résistance arabe envers le sionisme pré-israélien

Gandhi s’exprime sur le conflit en Palestine – 1938

Les sionistes n’ont-ils pas, antérieurement à la fondation d’Israël, légalement acheté une grande partie de la terre ?

Pourquoi l’O.N.U. a-t-elle recommandé ce plan qui partageait la Palestine en deux Etats, l’un juif, l’autre arabe ?

Pourquoi Truman a-t-il adopté cette position ?

Le plan de partition était-il à la fois équitable pour les Arabes et pour les Juifs ?

Les sionistes étaient-ils prêts à s’installer dans le territoire que la partition de 1947 leur avait accordée ?

Déclarations publiques vs. déclarations privées

Le début de la guerre

Le non-respect par les sionistes des frontières fixées par la partition

Coupables de l’intensification des combats

Le massacre de Palestiniens à Deir Yassin perpétré par des soldats juifs

Deir Yassin a-t-elle été la seule action de ce genre ?

Quelle fut la réaction arabe à l’annonce de la création de l’Etat d’Israël ?

La partie de la Palestine attribuée à l’Etat hébreu fut-elle en danger de mort face aux armées arabes

Le nettoyage ethnique de la population arabe de Palestine

Les Palestiniens ne s’enfuirent-ils pas volontairement de chez eux pendant la guerre de 1948 ?

Les Arabes n’ont jamais lancé d’ordre d’évacuer

Le nettoyage ethnique – suite

Destruction délibérée des villages arabes pour prévenir tout retour des Palestiniens

Après la fin des combats, pourquoi les Palestiniens ne sont-ils pas retournés chez eux ?

Ces expropriations avaient-elles une quelconque justification ?

Qu’en fut-il des négociations après la guerre de 1948-1949 ?

Israël fut admis à l’O.N.U., mais se rétracta par la suite des conditions de son admission

Quel sort fut réservé aux Palestiniens qui étaient alors devenus des réfugiés ?

Les Egyptiens sont-ils vraiment à l’origine de la guerre de 1967, ainsi qu’Israël l’a toujours affirmé ?

Les déclarations posthumes de Moshé Dayan à propos du plateau du Golan

L’histoire de l’expansionnisme israélien

Mais l’occupation des terres arabes n’était-elle pas nécessaire pour garantir la sécurité d’Israël ?

Que s’est-il passé après la fin de la guerre de 1967 ?

L’opinion mondiale sur la légalité du contrôle israélien de la Cisjordanie et de la bande de Gaza

Exemples d’effets provoqués par l’occupation israélienne

Toutes les colonies juives des territoires occupés, établies lors de la guerre de 1967, constituent une violation patente des Conventions de Genève qu'Israël a signées.

Extraits de rapports établis, lors de l’Intifada, par les Affaires Etrangères américaines

Jérusalem – Capitale éternelle et indivisible d’Israël ?

Nous entendons beaucoup parler de terrorisme palestinien. Qu’en est-il du passé israélien ?

Le parti-pris américain (gouvernement et médias) à propos du terrorisme au Proche-Orient

Des juifs critiquent le sionisme

Ce que le sioniste aurait dû être, selon Martin Buber

Les nouveaux historiens israéliens réfutent maintenant les mythes sur lesquels se base la fondation de l’Etat [hébreu]

La contestation du mythe de l’anéantissement

La responsabilité d’Israël vis-à-vis des réfugiés

Le mythe de l’intransigeance arabe

Conclusions

"Ce n’est plus mon pays"

Les effets du sionisme sur les Juifs américains

Le sionisme et l’holocauste

Quand Shamir proposa une alliance aux Nazis

Le but principal du sionisme n’était-il pas de sauver les Juifs de l’holocauste ?

L’émigration vers la Palestine avant la deuxième guerre mondiale

L’émigration pendant la deuxième guerre mondiale

La Palestine n’était pas non plus un havre de sécurité évident

De toute façon, la Grande-Bretagne ne pouvait pas donner la Palestine ; elle était déjà occupée.

L’utilisation de l’Holocauste à des fins politiques

Le conseiller de Roosevelt explique pourquoi les Etats-Unis n’offrirent pas le droit d’asile aux réfugiés juifs après la deuxième guerre mondiale

Victimologie

Israël a recherché la paix avec ses voisins arabes mais a constamment refusé, jusqu’à ces dernières années, de négocier directement avec les Palestiniens, pourquoi ?

Encore plus, de source sûre

Le consensus international sur Israël (un tout petit échantillon représentatif)

Des années 1970 jusqu’en 1999, malgré la décision de la Haute Cour de Justice israélienne interdisant (en théorie) la torture pendant les interrogatoires, des centaines de milliers de Palestiniens subirent des traitements inhumains dans les prisons israéliennes.

La Commission des Nations-Unies Contre la Torture de 1997 prend des mesures contre Israël

Quelques arguments utilisés pour justifier le sionisme

Le droit historique du sionisme sur la Palestine

Qu’en est-il de l’argument sioniste prétendant que la Jordanie est déjà l’Etat palestinien ?

Pourquoi Israël, "la seule démocratie du Proche-Orient," n’a-t-il pas de constitution ?

Le fondamentalisme juif en Israël

Les fondements idéologiques du racisme en Israël

Les raisons fondamentalistes pour s’emparer de la terre arabe

L’échec des Accords d’Oslo

Les racines de la deuxième Intifada

"Israël a échoué au test"

Jimmy Carter dresse un bilan simple des faits – novembre 2000

Oslo et la deuxième Intifada (2000) – suite

L’Amérique – Un médiateur impartial ?

Les médias américains verrouillés relatent (quelques-uns) des faits mais pas LA vérité

Intifada 2000 – Une vue d’ensemble

Albright leur met les faits sous le nez

Ce qu’Arafat a offert

"Lettre Ouverte A Un Ami, Maintenant En Paix", écrite par un Israélien

« Barak a promis la paix et a apporté la guerre, et ce n’était pas un accident. »

Une occupation "bénigne" ?

Ce que le mot « bouclage » signifie

Un futur, libéré de tout ethnocentrisme

La réponse ? Un Etat palestinien souverain.

La réclamation des réfugiés palestiniens sur leur droit au rapatriement est aussi réaliste que juste

Un professeur israélien appelle à un nouveau sionisme

Sources pour effectuer de plus amples recherches sur la Palestine et sur Israël


Liens :
***Histoire politique d'Israël - En partenariat avec François-Xavier Trégan et Libération.
***Israël-Palestine: histoire d'un conflit


Introduction

La version habituelle des sionistes est qu’ils se sont manifestés en Palestine à la fin du 19ème siècle pour reconquérir leur patrie ancestrale ; que des Juifs achetèrent des terres et commencèrent à y établir la communauté juive; qu’ils rencontrèrent une opposition violente et grandissante de la part des Arabes palestiniens, opposition provenant sans doute de leur antisémitisme inhérent ; que les sionistes furent alors obligés de se défendre ; et, que d’une manière ou d’une autre, cette situation a perduré jusqu’à aujourd’hui.

Le problème avec cette explication, c’est qu’elle est tout simplement fausse. Nous allons le découvrir dans cet exposé grâce à des preuves écrites noir sur blanc. La vérité, c’est que dès le début, le mouvement sioniste était pressé de déposséder la population arabe native de la quasi-totalité de sa terre, afin qu’Israël devienne un Etat hébreu d’un seul tenant. Les terres, que le Fonds National Juif achetaient, étaient détenues au nom du peuple juif et ne pourraient plus jamais être revendues ou même louées à des Arabes (cette situation est toujours d’actualité.)

Au fur et à mesure que la communauté arabe prenait conscience des intentions sionistes, et parce que cela constituait un danger réel et immédiat qui menaçait l’existence même de la société arabe en Palestine, elle s’opposa vigoureusement à la poursuite de l’immigration juive ainsi qu’à l’achat de terres. A cause de cette opposition, l’ensemble du projet sioniste n’aurait jamais pu aboutir sans le soutien militaire des Britanniques. Soit dit en passant, la grande majorité de la population de Palestine était arabe depuis le 7ème siècle (soit depuis plus de 1.200 ans.)

En résumé, le sionisme s’est appuyé sur une vision erronée et colonialiste du monde, ne faisant aucun cas des autochtones. En fait, l’opposition des Arabes au sionisme trouvait son origine dans la peur tout à fait légitime de voir leur peuple dépossédé de sa terre, plutôt que dans des considérations purement antisémites.

Etant juifs nous-mêmes, nous tenons à préciser que la position que nous défendons ici, qui est une critique du sionisme, n’est en aucune manière antisémite. En fait, nous ne pensons pas que les Juifs ont agi d’une façon pire que n’importe quel autre groupe l’aurait fait dans la même situation. Après la sinistre oppression subie par les Juifs, les sionistes (qui, jusqu’au lendemain de la 2ème guerre mondiale, constituaient une nette minorité à l’intérieur du peuple juif) avaient le désir compréhensible de s’installer quelque part où les Juifs pourraient se rendre maîtres de leur propre destin. Les agissements des sionistes étaient motivés par un profond désespoir, d’autant plus que les menaces sur la communauté juive se cristallisèrent à la fin des années 1930 et suivantes.

Tout comme le désespoir des Arabes motivait leurs actes : la mythique « terre sans peuple pour un peuple sans terre »[1] était déjà la patrie de 700.000 Palestiniens en 1919 ! Ainsi que nous allons le voir, c’est là que se trouve la racine du problème.


L’histoire originelle de la région

Avant la première immigration des Hébreux, vers 1800 av. J.C., le pays de Canaan était occupé par les Cananéens.

Entre –3000 et –1100, la civilisation cananéenne couvrait tout le territoire constitué aujourd’hui par Israël, la Cisjordanie, le Liban ainsi qu'une bonne partie de la Syrie et de la Jordanie… Ceux qui restèrent sur les collines de Jérusalem après l’expulsion des Juifs par les Romains (au 2ème siècle) formaient un melting-pot de fermiers et de vignerons, de païens et de chrétiens fraîchement convertis, de descendants des Arabes, de Perses, de Samaritains, de Grecs, ainsi que d’anciennes tribus cananéennes. Marcia Kunstel et Joseph Albright, "Their Promised Land."

Le véritable héritage ancestral des Palestiniens

Mais tous ces [différents peuples qui étaient venus à Canaan] constituaient des rajouts, des petites branches greffées sur l’arbre originel… et cet arbre étalon était cananéen… [Les envahisseurs arabes du 7ème siècle] convertirent les autochtones à l’Islam, s’installèrent de façon permanente et pratiquèrent l’exogamie avec eux, dont le résultat fut que tous devinrent si complètement arabisés que l’on ne peut pas dire où finissent les Cananéens et où commencent les Arabes. Illene Beatty, "Arab and Jew in the Land of Canaan."

Le règne des Juifs ne représente pas plus qu’une simple période de toute l’histoire de la Palestine ancienne

Les longs règnes de David et de Salomon, sur lesquels les sionistes basent leurs exigences territoriales, ne durèrent en tout qu’environ 73 ans… Puis ils se désagrégèrent… [Même] en admettant que l’ensemble des règnes juifs anciens furent autonomes, de la conquête de Canaan par David en 1000 av. J.C. jusqu’à la liquidation de Juda en 586 av. J.C., cela nous donne [seulement] une domination juive de 414 ans. Illene Beatty, "Arab and Jew in the Land of Canaan."

Plus sur la civilisation cananéenne

Des fouilles archéologiques récentes ont fourni la preuve que Jérusalem était déjà une ville importante et fortifiée en 1800 av. J.C.… Des découvertes montrent que le système sophistiqué d’alimentation en eau, attribué jusqu’ici à la maîtrise des Israélites, leur était en réalité antérieur de huit siècles et était même encore plus sophistiqué qu’on ne l’imaginait… Le Dr Ronny Reich, qui dirigea les travaux d’excavation avec Elie Shuikrun, a affirmé que l’ensemble de ce système fut construit en un complexe unique, au milieu de l’âge de bronze – vers 1800 av. J.C. par les Cananéens. The Jewish Bulletin, 31 juillet 1998

Pendant quelle durée la Palestine a-t-elle été spécifiquement un pays arabe ?

La Palestine est devenue un pays essentiellement arabe et islamique à partir de la fin du septième siècle. Presque immédiatement après, ses frontières et ses caractéristiques – y compris son nom arabe, Filastin – furent connues dans tout le monde islamique, tant pour sa fertilité et sa beauté que pour son importance religieuse… En 1516, la Palestine devint une province de l’empire ottoman, ce qui ne la rendit pas moins fertile, pas moins arabe ni moins islamique… L’agriculture occupait soixante pour cent de la population ; les quarante pour cent restants étaient répartis entre les citadins et un groupe relativement peu important de nomades. Tous ces gens étaient convaincus de leur appartenance à un pays qui s’appelait la Palestine, bien qu’ils se sentissent appartenir à une nation arabe plus large… Malgré l’arrivée constante de colons juifs en Palestine après 1882, force est de constater que jusqu’aux dernières semaines précédant l’instauration d’Israël au printemps 1948, il n’y avait jamais rien eu d’autre qu’une écrasante majorité d’Arabes. A titre d’exemple, la population juive en 1931 se chiffrait à 174.606 sur une population totale de 1.033.314. Edward Saïd, "The Question of Palestine."

Comment la propriété terrienne en Palestine était-elle organisée et quand cela a-t-il changé ?

[Le code de propriété ottoman de 1858] exigea l’enregistrement nominatif de tous les propriétaires individuels de terres agricoles. La plupart d’entre eux, qui relevaient de systèmes traditionnels du droit à la jouissance des terrains – généralement masha’a ou usufruit collectif – dans les zones montagneuses de Palestine, ne se firent jamais recenser. Ainsi, la nouvelle loi signifia que pour la première fois un paysan pouvait être privé, non pas du titre de propriété de son terrain qu’il avait rarement détenu auparavant, mais du droit d’y vivre, de le cultiver et de le transmettre à ses héritiers. Droit qui était demeuré inaliénable jusque-là…

Avec les dispositions de la loi de 1858, les droits collectifs à la jouissance des terrains furent souvent ignorés… A la place, des membres de la haute société, experts en manipulation et en contournement du processus juridique, firent enregistrer de vastes régions comme leur appartenant… Les fellahin [les paysans] considéraient tout naturellement que la terre était à eux et c’est le plus souvent, lorsque la terre fut vendue aux colons juifs par des propriétaires absents, qu’ils découvrirent qu’ils avaient cessé d’en être les propriétaires légaux… Non seulement la terre avait été achetée, mais les Arabes qui la cultivaient furent expropriés et remplacés par des étrangers qui avaient des objectifs manifestes sur la Palestine. Rashid Khalidi, "Blaming The Victims," éd. Saïd Hitchens.

L’opposition arabe à l’arrivée des sionistes provenait-elle de leur soi-disant antisémitisme inhérent ou plutôt du véritable sentiment de péril qu’ils éprouvèrent quant à l’avenir de leur communauté ?

L’objectif du Fonds [National Juif] était de « convertir la terre de Palestine, en possession inaliénable du peuple juif.»… Dès 1891, le leader sioniste Ahad Ha’am[2] écrivait que les Arabes « avaient très bien compris ce que nous étions en train de faire et quel était notre but »… [Théodore Herzl, le fondateur du sionisme, a exposé] « Nous essaierons de faire disparaître la population [arabe] sans ressources de l’autre côté de la frontière, en lui procurant du travail dans les pays de transit, tandis que nous lui refuserons tout travail dans notre propre pays… Le processus d’expropriation et l’expulsion des pauvres devront se dérouler discrètement et avec circonspection »… Dans plusieurs endroits du Nord de la Palestine, des fermiers arabes refusèrent de quitter leur terre qui avait été achetée par le Fonds à des propriétaires absents et les autorités turques, à la demande du Fonds, les en chassa… Les Juifs natifs de Palestine, eux aussi, réagirent négativement au sionisme. Ils ne voyaient pas l’intérêt d’un Etat hébreu en Palestine et ne voulaient pas exacerber les relations avec les Arabes. John Quigley, “Palestine and Israel : A Challenge to Justice.”

Vous avez dit un antisémitisme inhérent ?

Avant le 20ème siècle, la plupart des Juifs de Palestine faisaient partie de l’ancienne communauté Yishuv qui s’y était installée, d’ailleurs plus pour des raisons religieuses que pour des motifs politiques. Il n’y avait pratiquement aucun conflit entre eux et la population arabe. C’est lors de l’arrivée des colons sionistes dans les années 1880 que les tensions surgirent… lorsqu’ils achetèrent des terres à des propriétaires absents, ce qui conduisit à l’expropriation des paysans qui les avaient cultivées. Don Peretz, "The Arab-Israeli Dispute."

[Pendant le moyen-âge,] l’Afrique du Nord et le Proche-Orient arabe devinrent des lieux de refuge et des havres pour les Juifs persécutés, d’Espagne ou d’ailleurs… En Terre Sainte…, tous vivaient ensemble en [relative] harmonie — harmonie qui ne fut bouleversée que lorsque les sionistes commencèrent à revendiquer que la Palestine était la possession « légitime » du « peuple juif » à l’exclusion de ses habitants musulmans et chrétiens. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."

L’attitude des Juifs envers les Arabes, à leur arrivée en Palestine

Les Juifs, qui étaient [généralement] des serfs dans les pays de la Diaspora, se retrouvèrent subitement libres [en Palestine] ; et ce changement éveilla en eux une tendance au despotisme. Ils traitèrent les Arabes avec hostilité et cruauté, les privèrent de leurs droits, les offensèrent sans raison et se vantèrent même de ces exploits ; et aucuns d’entre nous ne s’opposa à ce penchant méprisable et dangereux. Ahad Ha’am, écrivain sioniste cité dans "Bitter Harvest" de Sami Hadawi.

Propositions en vue d’une coopération judéo-arabe

Un article de Yitzhak Epstein, publié en 1907 dans Hashiloah… appelait, après 30 ans d’activité colonisatrice, à une nouvelle politique sioniste vis à vis des Arabes… Comme Ahad Ha’am en 1891, Epstein expliqua que, puisque aucune bonne terre n’était disponible, l’implantation juive impliquait l’expropriation des Arabes… La solution d’Epstein à ce problème, pour éviter une nouvelle « question juive », fut de créer un programme binational et non-exclusif de colonisation et de développement. L’achat de terres ne devant pas impliquer l’expropriation des pauvres métayers, il proposa d’instaurer une communauté fermière mixte, où les Arabes pourraient profiter des techniques modernes. Les écoles, les hôpitaux et les bibliothèques devaient être non-exclusifs et l’éducation bilingue… L’idée d’une coopération paisible et non-exclusive en lieu et place de la pratique d’expropriation ne trouva pas beaucoup d’écho. Epstein fut calomnié et méprisé pour sa pusillanimité. Benjamin Beit-Hallahmi, auteur israélien, "Original Sins."

Lorsque le mouvement sioniste débuta, la Palestine était-elle la seule destination, voire celle préférée, des Juifs confrontés à la persécution ?

Les pogromes obligèrent de nombreux Juifs à quitter la Russie. Des groupes, connus pour être des « inconditionnels de Sion », précurseurs de l’organisation sioniste, réussirent à convaincre quelques émigrants effrayés de se rendre en Palestine. Là-bas, argumentèrent-ils, les Juifs reconstruiront l’ancien « Royaume juif de David et de Salomon.» Mais la plupart des Juifs russes ignorèrent leur appel et fuirent vers l’Europe et les Etats-Unis. A partir de 1900, rien qu’aux Etats-Unis, un million de Juifs s’étaient déjà installés. The People Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still Alive."


La période du mandat britannique - 1920-1948

La déclaration de Balfour promet une patrie juive en Palestine.

La déclaration de Balfour, faite en novembre 1917 par le gouvernement britannique… a été faite

(a) par une puissance européenne,
(b) à propos d’un territoire non-européen,
(c) en totale indifférence à la présence et aux souhaits de la majorité des autochtones vivant sur ce territoire…

[Comme Balfour l’a lui-même écrit en 1919], « La contradiction avec la lettre de la convention (la déclaration anglo-française de 1918 promettant l’indépendance aux Arabes des anciennes colonies ottomanes en récompense pour leur soutien aux alliés) est encore plus flagrante dans le cas d’une nation indépendante de Palestine que dans celui d’une nation indépendante de Syrie. En tout cas, en Palestine, nous ne proposons même pas de consulter les habitants sur ce qu’ils souhaitent »… Les quatre puissances [Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Russie] ont pris des engagements vis à vis du sionisme – à tort ou à raison, qu’il soit bon ou mauvais, le sionisme puise ses racines dans une tradition ancestrale – pour satisfaire ses besoins présents et ses espoirs futurs, plus importants que les désirs ou les préjugés des 700.000 Arabes vivant aujourd’hui sur cette très vieille terre. Edward Saïd, "The Question of Palestine."

La Palestine n’était-elle pas une terre laissée à l’abandon avant l’immigration des Juifs ?

Le haut-commissaire britannique en Palestine, John Chancellor, recommanda la suspension totale de l’immigration juive et l’achat de terres afin de protéger l’agriculture arabe. Il précisa que « toutes les terres cultivables étaient occupées ; qu’aucune terre cultivable possédée actuellement par la population autochtone ne pouvait être vendue à des Juifs sous peine de créer une classe de cultivateurs arabes sans terre »… Le Bureau Colonial rejeta cette recommandation. John Quigley, "Palestine and Israel : A Challenge to Justice."

Les premiers sionistes avaient-ils l’intention de vivre côte à côte avec les Arabes ?

En 1919, la commission américaine King-Crane passa six semaines en Syrie et en Palestine à discuter avec diverses délégations et à lire des pétitions. Le rapport suivant fut établi : Les membres de la commission commencèrent leur étude sur le sionisme avec un à priori favorable… La réalité qui apparut à plusieurs reprise lors des conférences de la commission avec des représentants juifs est que les sionistes attendaient avec impatience, au moyen de différentes modalités d’achat, l’expropriation quasi totale des actuels habitants non-juifs de la Palestine… Si le principe [de l’autodétermination] doit être la règle, et que les souhaits de la population palestinienne sont déterminants pour décider de ce que l’on doit faire avec la Palestine, alors on doit garder en mémoire que la population non-juive de Palestine – environ quatre-vingt dix pour cent de sa totalité – est catégoriquement opposée à l’ensemble du programme sioniste… Faire subir à un peuple aussi déterminé une immigration juive illimitée ainsi qu’une pression financière et sociale constante pour qu’il cède sa terre serait une violation grossière de ce fameux principe… Aucuns des officiers britanniques, consultés par les membres de la commission, ne croient en la capacité du programme sioniste de se réaliser, à moins de recourir à la force des armes. Les officiers pensent globalement qu’une force d’au moins cinquante mille soldats serait nécessaire rien que pour démarrer ce programme. Ce qui, en soi, prouve la profonde injustice du programme sioniste… La revendication initiale soumise régulièrement par les représentants sionistes, basée sur une occupation datant de deux mille ans, ne peut être sérieusement prise en considération. Relevé dans "The Israel-Arab Reader" éd. Laquer Rubin.

La politique sioniste d’occupation des sols fait partie intégrante de la constitution de l’Agence Juive pour la Palestine… « la terre doit être acquise en tant que propriété juive et les titres de propriété doivent être établis au nom du Fonds National Juif, aux fins d’être détenus en tant que propriété inaliénable du peuple juif. » La clause stipule que « l’Agence encouragera l’implantation agricolebasée sur le travail juif »… Cette politique de colonisation sioniste eut pour effet de conférer l’extraterritorialité aux terres acquises par des Juifs ; et les Arabes ne pouvaient plus les exploiter…

Les sionistes ne firent pas mystère de leurs intentions, puisque dès 1921, le Dr Elder, un membre de la commission sioniste, dit effrontément devant la cour d’instruction, « Il ne peut y avoir qu’une seule patrie en Palestine, et elle doit être juive, et il n’y aura pas de traitement égalitaire entre les Juifs et les Arabes, mais une prépondérance juive dès que la race aura atteint un nombre suffisant.» Puis il réclama que seuls les Juifs ne doivent être autorisés à porter des armes. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."

Confrontés à une opposition arabe, les sionistes ont-ils soutenu l’installation d’un gouvernement majoritaire en Palestine ?

Il est clair que la dernière chose voulue par les sionistes était que tous les habitants de Palestine eussent le même poids dans la conduite des affaires du pays… Chaim Weizmann[3] fit bien comprendre à Churchill qu’un gouvernement représentatif sonnerait la fin de la patrie juive en Palestine… [Churchill] déclara : « La forme de gouvernement actuelle se poursuivra pendant de nombreuses années. Nous mettrons en place, pas à pas, des institutions représentatives qui conduiront à une autonomie totale, mais les enfants de nos enfants seront morts lorsque cela sera accompli.» David Hirst, "The Gun and the Olive Branch."

Le rejet du droit à l’autodétermination pour les Arabes

Même si personne n’avait dû perdre sa terre, le programme [sioniste] était injuste dans son principe car il déniait les droits politiques de la majorité… Le sionisme ne pouvait pas autoriser les autochtones à exercer leurs droits politiques parce que cela aurait sonné la fin de l’entreprise sioniste. Benjamin Beit-Hallahmi, "Original Sins."

La résistance arabe envers le sionisme pré-israélien

De 1936 à 1939, les Arabes palestiniens tentèrent de conduire une révolte nationaliste… David Ben Gourion, éminemment réaliste, en reconnu la nature. Lors de discussions internes, il fit la remarque suivante : « dans l’argument que nous développons à l’étranger, nous minimisons l’opposition que les Arabes nous portent », mais il conseilla vivement, « entre nous, nous ne devons pas ignorer la vérité.» Et cette vérité était que « d’un point de vue politique, nous sommes les agresseurs et eux se défendent… »

« Le pays leur appartient parce qu’ils y vivent et, nous, nous voulons venir ici et nous y installer ; de leur point de vue, nous voulons prendre leur pays, alors que nous sommes encore à l’extérieur »… La révolte fut écrasée par les Britanniques, dans une brutalité considérable. Noam Chomski, "The Fateful Triangle."

Gandhi s’exprime sur le conflit en Palestine – 1938

La Palestine appartient aux Arabes au même titre que l’Angleterre appartient aux Anglais ou que la France appartient aux Français… Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine ne peut être justifié par aucun code moral de conduite… S’ils [les Juifs] doivent compter géographiquement sur la Palestine pour en faire leur patrie, alors, se cacher derrière l’artillerie britannique n’est pas la bonne façon d’y entrer. Toute action religieuse ne doit pas s’accomplir à l’aide de la baïonnette ou des bombes. Ils ne peuvent s’installer en Palestine qu’avec la bienveillance des Arabes… Au point où cela en est arrivé, ils sont co-responsables avec les Britanniques de la dévastation d’un peuple qui ne leur a fait aucun mal. Je ne défends pas les excès des Arabes. J’aurais souhaité qu’ils eussent choisi la voie de la non-violence pour résister à ce qu’ils considèrent à juste titre comme une intrusion inacceptable dans leur pays. Mais selon les critères reconnus du bien et du mal, on ne peut rien reprocher à la résistance arabe face à une adversité écrasante. Mahatma Gandhi, cité dans "A Land of Two Peoples" éd. Mendès-Flohr.

Les sionistes n’ont-ils pas, antérieurement à la fondation d’Israël, légalement acheté une grande partie de la terre ?

En 1948, lorsque Israël se déclara unilatéralement en Etat, il était propriétaire d’un peu plus de 6% de la terre de Palestine… Après 1940, lorsque l’autorité mandataire restreignit l’accès à la propriété terrienne aux Juifs, à des zones spécifiques de la Palestine, des achats (et des ventes) illégaux continuèrent de s’opérer à l’intérieur des 65% réservés aux Arabes. Ainsi, lorsque le plan de partition fut déclaré en 1947, il incluait des terres détenues illégalement par des Juifs et qui furent incorporées, comme un fait accompli, à l’intérieur des frontières de l’Etat hébreu. Et après qu’Israël proclama qu’il était devenu un Etat, une batterie impressionnante de lois assimilèrent en toute légalité des étendues immenses de terre arabe (dont les propriétaires étaient devenus des réfugiés et avaient été déclarés « propriétaires défaillants », afin de pouvoir exproprier leurs terrains et empêcher définitivement leur retour.) Edward Saïd, "The Question of Palestine."

La partition onusienne de la Palestine

Pourquoi l’O.N.U. a-t-elle recommandé ce plan qui partageait la Palestine en deux Etats, l’un juif, l’autre arabe ?

A partir de cette date [novembre 1947], les Etats-Unis apparurent comme le partisan le plus acharné de la partition… Ils firent retarder le vote de l’Assemblée Générale « afin d’obtenir le temps nécessaire pour amener certaines républiques d’Amérique Latine à rejoindre leur position… Certains délégués accusèrent les fonctionnaires américains « d‘intimidation diplomatique.» Un éditorialiste anonyme écrivit : « Sans la ‘pression violente que les Etats-Unis exercèrent sur des gouvernements qui n’avaient pas les moyens de s’exposer à des représailles américaines, la résolution ne serait jamais passée.» John Quigley, "Palestine and Israel : A Challenge to Justice."

Pourquoi Truman a-t-il adopté cette position ?

Je suis désolé, messieurs, mais je suis responsable devant des centaines de milliers de personnes qui sont très attachées au succès du sionisme. Je ne compte pas des centaines de milliers d’Arabes parmi mes électeurs. Le président Harry Truman, cité dans "Anti Zionism" édité par Teikener, Abed-Rabbo Mezvinsky.

Le plan de partition était-il à la fois équitable pour les Arabes et pour les Juifs ?

Le rejet par les Arabes… se basait sur le fait que les Juifs avaient été désignés corps dirigeant, alors que la population constituant l’Etat hébreu devait être [seulement pour moitié] juive et que les Juifs possédaient moins de 10% du territoire de l’Etat hébreu – une règle que personne digne de ce nom ne pouvait accepter sans protester ; et c’est le moindre que l’on puisse dire !… L’action des Nations-Unies entrait en conflit avec les principes de base selon lesquels cette organisation mondiale avait été fondée, à savoir : faire respecter le droit des peuples à l’autodétermination. En refusant aux Arabes palestiniens, qui constituaient [alors] une majorité des deux tiers du pays, le droit de décider par eux-mêmes, les Nations-Unies violaient leur propre charte. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."

Les sionistes étaient-ils prêts à s’installer dans le territoire que la partition de 1947 leur avait accordée ?

Alors que la direction du Yishuv avait officiellement accepté la résolution de 1947, relative à la partition, les pans entiers de la société israélienne – y compris Ben Gourion – qui s’y opposèrent ou exprimèrent leur mécontentement conclurent rapidement qu’une guerre fournirait une occasion idéale d’étendre les frontières du nouvel Etat au-delà de celles désignées par la partition onusienne, et aux dépends des Palestiniens. Benny Morris, historien israélien, dans "Tikkun", mars/avril 1998.

Déclarations publiques vs. déclarations privées

Lors d’une discussion interne en 1938 [David Ben Gourion] exposa : ‘Une fois que nous serons devenus une force puissante, résultat de la création d’un Etat, nous abolirons la partition et nous nous étendrons sur toute la Palestine’… En 1948, Ménahem Begin déclara : ‘La partition de la patrie est illégale. Nous ne la reconnaîtrons jamais. La signature de cet accord par des institutions et diverses personnalités, entérinant une partition, n’est pas valide. Cela ne rendra pas le peuple juif aveugle. Jérusalem a été notre capitale et le sera pour toujours. Eretz Israël (la patrie d’Israël) sera restituée au peuple d’Israël. L’intégralité d’Israël. Et pour toujours. Noam Chomsky, "The Fateful Triangle."

Le début de la guerre

En décembre 1947, les Britanniques annoncèrent qu’ils se retireraient de Palestine à compter du 15 mai 1948. Les Palestiniens, à Jérusalem et à Jaffa, appelèrent à la grève générale contre la partition. Presque immédiatement, des combats éclatèrent dans les rues de Jérusalem… De violents incidents se multiplièrent et dégénérèrent en une guerre acharnée… Pendant ce mois fatidique d’avril 1948, huit des treize principales attaques sionistes contre des Palestiniens eurent lieu dans les territoires attribués à l’Etat arabe. The People Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still Alive."

Le non-respect par les sionistes des frontières fixées par la partition

Avant la fin du mandat, et donc avant que les Etats arabes ne puissent intervenir, les Juifs, forts de leurs supériorités militaire et d’organisation, occupaient… la plupart des villes arabes de Palestine, donc avant le 15 mai 1948. Tibériade fut occupée le 19 avril 1948, Haïfa le 22 avril, Jaffa le 28 avril, les quartiers arabes de la ville nouvelle de Jérusalem le 30 avril, Beit Shean le 8 mai, Safed le 10 mai et Saint-Jean d’Acre le 14 mai 1948… Par contre, les Arabes palestiniens, eux, ne s’étaient emparés d’aucuns des territoires réservés à l’Etat hébreu par la résolution de partition. Henry Cattan, auteur britannique, "Palestine, The Arabs and Israel."

Coupables de l’intensification des combats

Ménahem Begin, le dirigeant de l’Irgoun [groupe terroriste sioniste], explique comment ‘à Jérusalem, comme ailleurs, nous fûmes les premiers à passer de la défensive à l’offensive… Les Arabes qui étaient terrorisés s’enfuyaient… le Haganah remportait d’autres victoires à l’occasion d’attaques sur d’autres fronts, tandis que les forces juives continuaient d’avancer à travers Haïfa comme un couteau dans du beurre’…

Les Israéliens prétendent aujourd’hui que la guerre commença à cause de l’entrée des armées arabes en Palestine après le 15 mai 1948, en fait, il s’agissait là de la seconde phase de la guerre ; ils n’assistèrent pas aux massacres, aux expulsions et aux expropriations qui eurent lieu avant cette fameuse date et qui rendirent nécessaire ‘l’intervention’ des Etats arabes. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."

Le massacre de Palestiniens à Deir Yassin perpétré par des soldats juifs

Pendant toute la journée du 9 avril 1948, l’Irgoun et les soldats du LEHI, de façon froide et préméditée, exécutèrent ce carnage … Les attaquants ‘alignèrent les hommes, les femmes et les enfants le long des murs et les fusillèrent,’… Le caractère impitoyable de l’attaque de Deir Yassin choqua autant l’opinion juive que l’opinion mondiale ; ce massacre sema la terreur et la panique parmi la population arabe ; et dans tout le pays, ces populations civiles désarmées s’enfuirent de leurs maisons. Simha Flapan, auteur israélien, "The Birth of Israel."

Deir Yassin a-t-elle été la seule action de ce genre ?

A partir de 1948, le Juif était non seulement capable de se ‘défendre tout seul’ mais aussi de commettre des atrocités à grande échelle. En effet, selon l’ancien directeur des archives militaires israéliennes, ‘dans presque tous les villages que nous occupions lors de la guerre d’indépendance, des actes, définis comme crimes de guerre, tels que meurtres, massacres et viols, furent commis’… Uri Milstein, l’historien israélien spécialisé dans la g

uerre de 1948 et qui fait autorité, va plus loin en affirmant encore aujourd’hui que ‘chaque accrochage se terminait par un massacre d’Arabes. Norman Finkelstein, "Image and Reality of the Israel-Palestine Conflict."


1948 : Le statut d’Etat et les expulsions

Quelle fut la réaction arabe à l’annonce de la création de l’Etat d’Israël ?

Les armées des Etats arabes entrèrent en guerre immédiatement après la fondation de l’Etat d’Israël en mai. Pratiquement tous les combats eurent lieu à l’intérieur du territoire attribué à l’Etat palestinien… Environ 700.000 Palestiniens s’enfuirent ou furent expulsés durant le conflit de 1948. Noam Chomsky, "The Fateful Triangle."

La partie de la Palestine attribuée à l’Etat hébreu fut-elle en danger de mort face aux armées arabes

La Ligue Arabe appela précipitamment ses pays membres à envoyer des troupes armées régulières en Palestine. L’ordre consistait seulement à sécuriser les parties de la Palestine attribuées aux Arabes en vertu du plan de partition. Mais ces armées régulières étaient mal équipées et dépourvues d’un commandement centralisé pour coordonner leurs efforts… [Le roi de Jordanie, Abdallah] fit la promesse [aux Israéliens et aux Britanniques] que ses troupes (la Légion Arabe, seule véritable force de combat parmi les armées arabes) éviteraient de se battre contre les implantations juives… Pourtant, les historiens occidentaux rapportent que le tout nouvel Etat d’Israël repoussa à ce moment-là ‘les hordes gigantesques’ de cinq pays arabes. En réalité, c’est l’offensive contre les Palestiniens qui s’intensifia. The Peoples Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still Alive."

Le nettoyage ethnique de la population arabe de Palestine

Joseph Weitz était le directeur du Fonds National Juif à la Terre… Le 19 décembre 1940, il écrivait : ‘Que ce soit bien clair : dans ce pays, il n’y a pas de place pour deux peuples… Jusqu’à présent, l’entreprise sioniste… c’est bien déroulée, à son rythme, et elle pouvait se contenter ‘d’acheter des terres’ – mais cela n’aboutira pas à l’Etat d’Israël ; il faut que cela se fasse d’un coup, à la manière d’un Salut (c’est le secret de l’idée messianique) ; et il n’y a pas d’autres moyens que de transférer les Arabes vers les pays voisins, de les transférer tous ; à l’exception peut-être de Bethléem, de Nazareth et du Vieux Jérusalem, nous ne devons leur laisser aucun village, pas même une simple tribu’… Ce sont des centaines de déclarations similaires que faisaient les sionistes. Edward SaÏd, « The Question of Palestine. »

A la suite du soulèvement de 1936, pas un seul des principaux dirigeants [sionistes] n’était capable de concevoir une future coexistence sans une séparation physique et nette des deux peuples – séparation réalisable uniquement par le transfert et les expulsions. En public, ils continuaient tous de parler de coexistence et attribuaient la violence à une petite minorité de fanatiques et d’agitateurs. En fait, il ne s’agissait que d’une simple posture. Ben Gourion résuma la situation ainsi : ‘A l’aide du transfert forcé nous disposerons d’un vaste espace (pour les implantations)… Je soutiens le transfert forcé. Je ne vois rien d’immoral à cela. Benny Morris, historien israélien, « Righteous Victims. »

Ben Gourion voulait manifestement que le moins possible d’Arabes demeurent dans l’Etat hébreu. Il espérait les voir s’enfuir. Il le répéta souvent à ses collègues et à ses assistants à l’occasion de réunions en août, septembre et octobre [1948]. Mais aucune politique [générale] d’expulsion ne fut jamais [officiellement] exposée et Ben Gourion se garda toujours d’émettre par écrit des ordres d’expulsion clairs ; il préférait que ses généraux ‘comprennent’ par eux-mêmes ce qu’il attendait d’eux. Il souhaitait éviter que l’histoire ne se souvienne de lui comme du ‘grand expulseur’ et il ne voulait pas que le gouvernement israélien soit impliqué dans une politique moralement douteuse… Mais alors qu’il n’y avait pas de politique officielle d’expulsion, les offensives de juillet et d’octobre [1948], en comparaison avec la première moitié de la guerre, furent caractérisées par des expulsions bien plus nombreuses et, pour tout dire, par encore plus de brutalité envers les populations civiles arabes. Benny Morris, « The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949. »

Les Palestiniens ne s’enfuirent-ils pas volontairement de chez eux pendant la guerre de 1948 ?

La propagande israélienne a renoncé en grande partie à affirmer que l’exode palestinien de 1948 était ‘volontaire’. Les cercles officiels concèdent implicitement que la population arabe s’est enfuie à la suite de l’action israélienne – soit directement, comme à Lydda [4] et à Ramallah, soit indirectement, en conséquence de la panique qui s’empara des populations arabes à travers toute la Palestine (panique d’être massacrées comme à Deir Yassin.] Cependant, même si la vérité historique a été rétablie avec réticence, la direction israélienne a toujours refusé de reconnaître sa responsabilité morale et politique vis-à-vis du problème des réfugiés qu’elle – ou ses prédécesseurs – a sciemment provoqué. Peretz Kidron, cité dans "Blaming the Victims," éd. Saïd Hitchens.

Les Arabes n’ont jamais lancé d’ordre d’évacuer

La BBC a contrôlé toutes les diffusions sur le Moyen-Orient pour l’ensemble de l’année 1948. Les enregistrements, ainsi que les documents rédigés par une unité de contrôle américaine, peuvent être consultés au British Museum. Il n’y a jamais eu, en 1948, le moindre ordre ou appel ou même suggestion d’évacuer la Palestine, émanant de stations de radio arabes, à l’intérieur ou à l’extérieur de la Palestine. Par contre, il y a des archives d’enregistrements d’appels arabes répétés, voire des ordres clairs, enjoignant la population arabe à ne pas bouger. Erskine Childers, chercheur britannique, cité dans "Bitter Harvest" de Sami Hadawi.

Le nettoyage ethnique – suite

Que l’objectif ultime de Ben Gourion fut d’évacuer la plus grande quantité d’Arabes de l’Etat hébreu ne peut difficilement être remis en cause, ne serait-ce qu’au regard de la variété de moyens qu’il mit en œuvre pour y parvenir… et de la manière la plus résolue, en détruisant des villages entiers et en chassant leurs habitants… même s’ils n’avaient pas pris part à la guerre et qu’ils étaient restés en Israël dans l’espoir d’y vivre en paix et dans l’égalité, ainsi que la déclaration d’indépendance l’avait promis. Simha Flapan, auteur israélien, "The Birth of Israel."

Destruction délibérée des villages arabes pour prévenir tout retour des Palestiniens

Pendant le mois de mai [1948], les conceptions sur la façon de consolider et de rendre permanent l’exil des Palestiniens se concrétisèrent, et la destruction de villages fut immédiatement perçue comme le meilleur moyen d’atteindre ce but… [Même avant,] Le 10 avril, les unités du Haganah prirent Abou Shusha… Cette nuit-là, le village fut détruit… Khulda fut rasée par les bulldozers israéliens le 20 avril… Abou Zureiq, complètement démolie… Al Mansi et An Naghnaghiya, dans le sud-est, furent elles aussi rasées… A partir de la mi-49, la majorité [des 350 villages arabes fraîchement dépeuplés] était soit complètement ou partiellement en ruines, soit rendue inhabitable. Benny Morris, "The Birth of Palestinian Refugee Problem, 1947-1949."

Après la fin des combats, pourquoi les Palestiniens ne sont-ils pas retournés chez eux ?

La première résolution de l’assemblée générale de l’O.N.U. – la résolution n° 194 – affirmant le droit pour les Palestiniens de retourner dans leurs maisons et de retrouver leurs propriétés, fut adoptée le 11 décembre 1948. Elle fut ré-adoptée pas moins de vingt fois depuis cette première date. Bien que le droit politique et moral pour une personne de retourner à son lieu de résidence continue soit universellement reconnu, Israël a dénié toute possibilité de retour… [et] a systématiquement et juridiquement rendu impossible, quelle qu’en soit raison, le retour des Arabes palestiniens, l’indemnisation de leurs propriétés ou même le droit de vivre en Israël comme citoyens égaux devant la loi avec les Juifs israéliens. Edward Saïd, "The Question of Palestine."

Ces expropriations avaient-elles une quelconque justification ?

Le fait que les Arabes se soient enfuis, terrorisés par la peur d’une répétition des massacres sionistes de 1948, n’est pas une raison pour les priver de leurs maisons, de leurs champs et de leur gagne-pain. Généralement, les populations civiles qui se trouvent prises dans des zones de combats paniquent. Mais elles ont toujours pu retourner chez elles une fois le danger passé. La conquête par des moyens militaires n’abolit pas le droit à la propriété privée et ne permet pas non plus aux vainqueurs de confisquer les maisons, les propriétés et les biens personnels de la population civile non combattante. La saisie de la propriété des Arabes par les Israéliens fut un scandale. Sami Hadawi, "Bitter Harvest."

Qu’en fut-il des négociations après la guerre de 1948-1949 ?

[A Lausanne,] l’Egypte, la Syrie, le Liban et les Palestiniens tentèrent grâce à des négociations de sauver ce qu’ils avaient perdu lors de la guerre – un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Cependant, Israël… [préféra] un armistice précaire à une paix définitive qui aurait impliqué des concessions territoriales et le rapatriement, même d’un nombre symbolique, de réfugiés. Le refus de reconnaître aux Palestiniens le droit à l’autodétermination et d’avoir un Etat a prouvé au fil des ans que c’est là que se trouve la source même de l’agitation, de la violence et du bain de sang qui ont eu lieu. Simha Flapan, auteur israélien, "The Birth of Israel."

Israël fut admis à l’O.N.U., mais se rétracta par la suite des conditions de son admission

La conférence [de Lausanne] débuta officiellement le 27 avril 1949. Le 12 mai, le Comité de Conciliation de la Palestine [des Nations-Unies] n’obtint son unique succès que lorsqu’il persuada les parties de signer un protocole à propos d’une feuille de route en vue d’une paix complète… Pour la première fois, Israël acceptait le principe du rapatriement [des réfugiés arabes] et l’internationalisation de Jérusalem… [mais en fait] il ne s’agissait de leur part que d’un pur exercice de relations publiques dans le seul but de restaurer leur image internationale… Walter Eytan, le chef de la délégation israélienne, [exposa]… ‘Ma décision principale était de saboter le protocole du 12 mai, que nous n’avions signé que dans le seul but d’être admis à l’O.N.U. Si nous avions refusé de signer… cela aurait été immédiatement rapporté au Secrétaire Général et aux Etats membres. Illan Pappé, historien israélien, "The Making of the Arab-Israel Conflict, 1947-1951."

Dans le préambule de cette résolution d’admission figurait la clause de sauvegarde suivante : ‘Rappelant la résolution du 29 novembre 1947 (sur la partition) et celle du 11 décembre 1948 (sur les réparations et les indemnités), et prenant note des déclarations et des explications faites par le représentant du gouvernement israélien devant le Comité Politique ad hoc au sujet de l’exécution des dites résolutions, l’Assemblée Générale… décide d’admettre Israël en tant qu’Etat membre des Nations-Unies.’

Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’une condition ainsi que d’une promesse d’exécuter les résolutions mentionnées. En aucune manière, il n’y était question que de telles exécutions soient assujetties à la conclusion d’une paix aux conditions fixées par Israël, ainsi que les Israéliens le revendiquèrent plus tard pour justifier leur refus de se plier [à l’exécution de ces résolutions.] Sami Hadawi, "Bitter Harvest."

Quel sort fut réservé aux Palestiniens qui étaient alors devenus des réfugiés ?

L’hiver 1949, le premier hiver d’exil pour plus de 750.000 Palestiniens, fut rude et froid… Des familles se blottirent dans des grottes, d’autres dans des huttes abandonnées ou encore dans des tentes improvisées… Nombre de ces affamés n’étaient distants que de quelques kilomètres de leurs jardins potagers et de leurs vergers en Palestine occupée – le nouvel Etat d’Israël… A la fin de 1949, les Nations-Unies finirent par agir. Elles mirent sur pieds l’UNRWA (United Nations Relief and Works Administration – l’Administration d’Aide et de Travaux des Nations-Unies) pour prendre le relais des associations humanitaires sur soixante camps de réfugiés. Cela permit tout juste de maintenir les gens en vie. The Peoples Press Palestine Book Project, "Our Roots Are Still Alive."


La guerre de 1967 [5] et l’occupation israélienne
de la Cisjordanie et de la bande de Gaza

Les Egyptiens sont-ils vraiment à l’origine de la guerre de 1967, ainsi qu’Israël l’a toujours affirmé ?

L’ancien commandant de l’armée de l’air, le général Ezer Weitzman, faucon réputé, affirma qu’il n’y avait pas de ‘menace de destruction’ mais que l’attaque de l’Egypte, de la Syrie et de la Jordanie était néanmoins justifiée pour permettre à Israël ‘d’exister par rapport à la taille, l’esprit et la qualité qu’il incarne.’… Menahem Begin fit la remarque suivante : ‘En juin 1967, nous étions de nouveau face à un choix. Les concentrations militaires égyptiennes dans les voies d’accès au Sinaï ne prouvaient pas que Nasser allait vraiment nous attaquer. Soyons honnêtes avec nous-mêmes : C’est nous qui avons décidé de les attaquer.’ Noam Chomsky, "The Fateful Triangle."

Je ne crois pas que Nasser voulait la guerre. Les deux divisions qu’il envoya dans le Sinaï n’auraient pas été suffisantes pour lancer une offensive. Il le savait et nous le savions. Yitzhak Rabin, chef d’Etat-major interarmées en 1967, Le Monde, 28/2/1968.

Les déclarations posthumes de Moshé Dayan à propos du plateau du Golan

Moshé Dayan, le célèbre chef militaire qui donna l’ordre, en 1967, en tant que ministre de la défense, de conquérir le Golan, … [rapporta] que de nombreuses escarmouches avec les Syriens furent provoquées par Israël ; et les habitants des Kibboutzim, qui faisaient pression sur le gouvernement pour prendre le plateau du Golan, étaient moins motivés par des raisons de sécurité que par l’extension de leurs exploitations… [Dayan rapporta] ‘Ils n’essayèrent même pas de cacher leur convoitise des terrains… Dans la zone démilitarisée où nous ne pouvions rien faire, nous avions prévu d’envoyer un tracteur pour labourer quelque endroit sachant d’avance que les Syriens se mettraient à tirer. S’ils ne tiraient pas, nous dirions au conducteur d’avancer plus loin jusqu’à ce que les Syriens finissent par être énervés et tirent. Et après, nous utiliserions l’artillerie et encore plus tard nous y ajouterions la force aérienne, et c’est ce qui c’est passé… Les Syriens, au quatrième jour de la guerre, ne constituaient plus une menace pour nous.’ The New York Times, 11 mai 1997.

L’histoire de l’expansionnisme israélien

Accepter la partition ne nous oblige pas à renoncer à la Transjordanie[6] ; on ne demande à personne de renoncer à ses idées. Nous sommes obligés d’accepter un Etat dans les limites territoriales fixées aujourd’hui. Mais ces frontières, selon les aspirations sionistes, concernent le peuple juif et aucun facteur extérieur ne pourra les limiter. David Ben Gourion, en 1936, cité dans "The Fateful Triangle" de Noam Chomsky.

Le danger principal que pose Israël, en tant qu’Etat hébreu, à son propre peuple, aux autres Juifs et à ses voisins, réside dans la poursuite de son expansion territoriale, trouvant sa source dans l’idéologie, et de la série inévitable de guerres qui s’en suivra… Aucun politicien sioniste n’a jamais répudié l’idée de Ben Gourion selon laquelle la politique israélienne doit se baser (dans les limites de la considération pratique) sur la restauration des frontières bibliques comme frontières de l’Etat hébreu. Israël Shahak, professeur israélien, "Jewish History, Jewish Religion : The Weight of 3000 Years."

Dans le journal personnel du Premier ministre israélien Moshé Sharatt, on y trouve un extrait datant de mai 1955 dans lequel il cite Moshé Dayan : [Israël] doit regarder l’épée comme le principal, sinon l’unique, instrument avec lequel il peut maintenir son enthousiasme au plus haut et contenir ses tensions morales. Pour ce faire, il peut – non, il doit – inventer des dangers, et pour y parvenir, il doit adopter la méthode provocations/représailles… Et surtout, espérons une nouvelle guerre avec les pays arabes pour que nous puissions enfin régler nos problèmes et acquérir notre espace. Cité dans "Israel’s Sacred Terrorism" de Livia Rokach.

Mais l’occupation des terres arabes n’était-elle pas nécessaire pour garantir la sécurité d’Israël ?

Le sénateur [J. William Fulbright] proposa en 1970 que l’Amérique garantisse la sécurité d’Israël par un traité officiel, le protégeant si nécessaire par des forces armées. En échange, Israël se replierait à l’intérieur de ses frontières de 1967. Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies garantirait cet accord, et par conséquent, amènerait l’Union Soviétique – alors fournisseur d’armes et soutien politique aux Arabes – à s’y conformer. Tandis que les troupes israéliennes se retireraient du plateau du Golan, de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, elles seraient remplacées par des forces de maintien de la paix de l’O.N.U. Israël accepterait un certain nombre de Palestiniens sur son sol et les autres s’installeraient dans un Etat palestinien à l’extérieur d’Israël.

Ce plan engendra un formidable soutien des éditorialistes aux Etats-Unis. La proposition, cependant, fut purement et simplement rejetée par Israël. ‘ Toute cette affaire dégoûta Fulbright,’ écrivit [son biographe Randall] Woods. ‘Les Israéliens ne voulaient même pas agir dans leur propre intérêt.’ Allan Brownfield dans "Issues of the American Council for Judaism." Automne 1997. [NdE : Il s’agissait d’une des nombreuses propositions similaires]

Que s’est-il passé après la fin de la guerre de 1967 ?

En violation de la loi internationale, Israël confisqua plus de 52% du territoire de la Cisjordanie et 30% de la bande de Gaza pour un usage militaire ou pour des implantations de populations civiles juives… De 1967 à 1982, Le gouvernement militaire d’Israël a démoli en Cisjordanie 1.338 maisons palestiniennes. Pendant cette période, plus de 300.000 Palestiniens ont été détenus sans procès, et pour des durées variables, par les forces de sécurité israéliennes. Intifada : The Palestinian Uprising Against Israeli Occupation éd. Lockman Beinin.

L’opinion mondiale sur la légalité du contrôle israélien de la Cisjordanie et de la bande de Gaza

 

Conformément à la charte des Nations-Unies, il ne peut y avoir d’accroissement territorial par la guerre, même lorsqu’un Etat agit en légitime défense. La réponse des autres Etats à l’occupation par Israël est unanime pour dire que même si l’action d’Israël était défensive, son maintien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ne l’est pas… L’Assemblée Générale de l’O.N.U. détermina que l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël constituait une négation de l’autodétermination et donc une ‘menace sérieuse et grandissante à la paix et à la sécurité internationale.’ John Quigley, "Palestine and Israel : A Challenge to Justice."

Exemples d’effets provoqués par l’occupation israélienne

Une étude menée par des étudiants de l’Université de Bethléem et rapportée par le Comité International de Coordination des O.N.G. à Jérusalem montrait que de nombreuses familles étaient privées d’eau courante pendant cinq jours d’affilée… L’étude va plus loin en montrant que, ‘les quotas sur l’eau restreignent les Palestiniens vivant en Cisjordanie et la bande de Gaza, pendant que les colons israéliens ont accès à des quantités pratiquement illimitées.’

Un voyage d’été dans une implantation juive au bord du désert de Judée, à moins de huit kilomètres de Bethléem, nous confirma l’inégalité au sujet de l’eau. Alors que les habitants de Bethléem devaient acheter l’eau à des camions citernes et à des prix prohibitifs, les pelouses des implantations étaient vertes. Les systèmes d’arrosage fonctionnaient à midi sous le soleil brûlant du mois d’août. Les cris des enfants nageant dans les piscines extérieures ajoutaient une touche supplémentaire à l’irréel. Betty Jane Bailey, dans "The Link", décembre 1996.

Il faut se souvenir que 90% des enfants âgés de deux ans et plus ont vécu l’expérience – et certains à de très nombreuses reprises – de l’armée [israélienne] forçant la porte de leur maison, frappant les membres de leur famille et détruisant une partie de leur mobilier. Nombre d’entre eux furent eux-mêmes battus, eurent les os brisés, furent aspergés de gaz lacrymogène, reçurent des balles ou virent de telles scènes se dérouler sur leurs frères et sœurs ou sur leurs voisins… L’orientation psychologique de l’enfant se trouve affectée par [l’absence] de sécurité. Il a besoin de se sentir en sécurité. Nous voyons les conséquences qui résultent de son absence. Dans notre étude, nous avons mis en évidence que les enfants qui ont été exposés à des expériences traumatisantes ont tendance à se radicaliser dans leur comportement et, plus tard, dans leur conviction politique. Dr Samir Quota, directeur de recherche au Programme de Santé Mentale de la Communauté de Gaza, cité dans "The Journal of Palestine Studies," été 1996, p.84.

Il n’y a rien de comparable à la souffrance que l’on peut ressentir lorsque l’on écoute un [Palestinien] de 35 ans qui a travaillé pendant quinze ans comme journalier illégal en Israël pour constituer assez d’économies afin de construire une maison pour lui et sa famille, et qui retrouve un jour en rentrant du travail sa maison et tout ce qu’elle contenait écrasée par un bulldozer israélien. Lorsque je demandais pourquoi cela était arrivé – le terrain, après tout, lui appartenait – on me répondit qu’il reçut le lendemain de la part d’un soldat israélien un document stipulant qu’il n’avait pas l’autorisation de construire. Dans quel autre endroit du monde les gens ont-ils besoin d’une telle autorisation (systématiquement refusée) pour construire sur leur propriété ? Les Juifs ont le droit de construire, mais les Palestiniens jamais. Ceci est un apartheid. Edward Saïd, dans "The Nation", 4 mai 1998.

Toutes les colonies juives des territoires occupés, établies lors de la guerre de 1967, constituent une violation patente des Conventions de Genève qu'Israël a signées.

La Convention de Genève exige qu’une puissance occupante modifie le moins possible l’ordre existant durant son occupation. Un des aspects de cette obligation est de laisser le territoire aux gens qu’elle y a trouvés. Elle n’a pas le droit de faire venir ses propres nationaux pour peupler ce territoire. Cette interdiction se trouve dans l’Article 49 de cette Convention, qui stipule, ‘La puissance occupante n’a pas le droit de déplacer ou de transférer une partie de sa propre population civile dans les territoires qu’elle occupe.’ John Quigley, "Palestine and Israel : A Challenge to Justice."

Extraits de rapports établis, lors de l’Intifada, par le Département d'Etat

Voici quelques extraits des rapports régionaux émanant du Département d’Etat américain sur les pratiques relatives aux droits de l’homme de 1988 à 1991 :

1988 : ‘De nombreux morts et blessés auraient pu être évités’ si les soldats israéliens n’avaient pas utilisé leurs armes à feu lors de situations qui ne mettaient pas les troupes en danger de mort… Les troupes FDI (Force de Défense Israélienne] se sont servies de matraques pour frapper des Palestiniens qui n’étaient pas directement impliqués dans les émeutes ou qui refusaient d’obtempérer, et leur casser les jambes… Il a été établi qu’au moins treize Palestiniens sont morts de ces brutalités…’

1989 : Des associations de droits de l’homme ont accusé le personnel de sécurité en civil, agissant comme des escadrons de la mort, d’avoir tué sans sommation des activistes palestiniens, après qu’ils se furent rendus ou après qu’ils eurent été maîtrisés…

1991 : [Le rapport] ajoutait que les associations de droits de l’homme avaient publié ‘des rapports détaillés et crédibles de torture, de sévices sexuels et de mauvais traitements perpétrés sur des détenus palestiniens dans les prisons et les centres de détention. Paul Findley, ancien membre du Congrès, "Deliberate Deceptions."

Jérusalem – Capitale éternelle et indivisible d’Israël ?

Ecrivant dans le Jerusalem Report (28 février 2000), Leslie Susser faisait remarquer que les frontières actuelles furent dessinées durant la guerre des six jours. La responsabilité du tracé de ces frontières en revient au chef du commandement central, Rehavan Ze’evi. Elles ‘incluaient non seulement les cinq kilomètres carrés du Jérusalem-Est arabe – mais aussi les 65 kilomètres carrés de ses environs, constitués de campagne et de villages dont la plupart n’avaient jamais eu auparavant de lien municipal avec Jérusalem. En l’espace d’une nuit, ces étendues devinrent une partie de la capitale éternelle et indivisible.’ Allan Brownsfield dans le rapport de Washington sur les affaires du Moyen-Orient, mai 2000.


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