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Le village de Mahibouo, situé dans la sous-préfecture de Gagnoa, a été le théâtre d’un fait divers macabre, le jeudi 27 octobre 2023.  Le corps sans vie du nommé Koudou Emmanuel a été retrouvé dans un marécage, non loin d’un champ de cacao. Qui pourrait bien être l’auteur de sa mort et pourquoi? Notre reporter s’est rendu dans ce village dirigé par un confrère, Boga Sivori. Il y a été reçu par le Secrétaire de la chefferie, Hyacinthe Zérédji. Qui bien que le cœur meurtri par ce malheur, a pu quand même expliquer de quoi il s’agit.

‘‘ (…). Le commandant de brigade de gendarmerie et le capitaine de l’escadron m’ont trouvé ici chez moi à la maison pour m’interroger. Ils auraient appris que des gens s’apprêteraient à fuir voire fuyaient le village pendant la nuit. Qu’est ce qui se passe … ? Question à laquelle j’ai répondu ne pas savoir grande chose. Seulement que chaque vendredi, jour de marché, les femmes vont vendre leurs produits vivriers à Zapata. Pour moi, c’est peut-être ce qui aurait attiré l’attention de certaines personnes. Sinon, je ne suis pas au courant de ce qu’une communauté fuirait le village avec leurs bagages. Au cours de nos échanges, ils m’ont recommandé de prodiguer des conseils, tout en rassurant nos frères des autres communautés à ne pas s’affoler par les événements survenus à  Dougroupalégnoa. (…) Et que rien ne leur arrivera ici à Mahibouo.

En compagnie du président des jeunes, avons commencé à sillonner le village. Arrivée au quartier baoulé, notre surprise fut grande de constater que la quasi majorité de cette communauté l’avait presque déserté. Par téléphone, j’ai aussitôt joint le chef de la communauté baoulé qui m’a rejoint plus tard sur les lieux. Après l’avoir interrogé, il ne comprenait pas, lui non plus, ce qui se passait. Et pourquoi tout était fermé.

 (…) à travers un mégaphone, j’ai fait passer des messages d’apaisement, pour demander que personne ne s’attaque à nos frères Baoulé pour ce qui se passe dans le village de Dougroupalégnoa.

A mon arrivée chez mois à la maison, je reçois la visite soudaine de deux gendarmes. Qui sont venus m’informer que Koudou Emmanuel a été tué. Selon eux, après son assassinat, l’un des auteurs qui se serait dévoilé est actuellement mis aux arrêts à la brigade de gendarmerie. Je n’arrivais pas à comprendre …j’ai fait appeler trois autres personnes à ce propos. (…).  Jusqu’à preuve du contraire, les gendarmes ne nous ont pas donné avec exactitude le nom du présumé tueur de notre fils. Même celui qu’ils disent être mis aux arrêts, nous ne savons pas de qu’il s’agit mais il serait  baoulé ... C’est tout ce que nous savons pour le moment. Nonobstant tout, nous continuons de sensibiliser nos populations, en particulier nos jeunes à s’abstenir de toute tentative de vengeance en s’attaquant aux biens de nos frères baoulé (…).  Ce sont eux qui ont déserté le village alors que nous vivions en parfaite harmonie, symbiose … Pourquoi ils ont décidé de fuir alors qu’il n’y aucun problème antérieur qui nous oppose. Rien. Peut-être qu’un jour, lorsqu’ils seront de retour, ils nous donneront les raisons … Finalement, c’est par le biais de son ami intime que nous avons appelé, que nous avons annoncé cette mauvaise nouvelle à Aimé, le père du défunt (…) Ça nous fait mal … Après leur forfait, il semble qu’ils ont avoué leur crime à leurs parents baoulés. Ce qui expliquerait leur désertion avant les premiers rayons du jour. Même leur chef Kouassi Guy Octave connu sous le pseudonyme de Lamine avec qui j’avais antérieurement conversé, comme par miracle, a décampé aussi. Nous n’en savions rien.  Ce sont les gendarmes qui sont venus nous porter les nouvelles sinon (…) »

Une question demeure : quel rapport peut-il avoir entre ce qui se passe à Dougroupalégnoa et cet assassinat ?

 Ce que n’arrive pas à comprendre M. Koudou Aimé, inconsolable « Emmanuel ! Mon fils de jeunesse avec qui j’ai souffert, a été tué de manière abominable. Qu’ai-je fait pour que ce 1er fils me soit ôté brusquement de cette manière ? Selon des informations qui m’ont été donné, ces tueurs seraient des baoulés. Suite à des évènements inter-ethniques survenus à Dougroupalégnoa, j’ai conseillé à mon fils de ne pas se hasarder à vouloir mettre les pieds, pour quoi que ce soit dans ce village. Comme par hasard, j’étais très regardant sur ces mouvements ce jour-là. C’était le jeudi matin. Dans l’après-midi, il m’informera de son intention de se rendre à un anniversaire dans le village en question.  

Le lendemain, vendredi, étant chez moi à la maison, on vient me dire que le SG a besoin moi. Par devant une unité d’homme en treillis trouvé à son domicile, je fus surpris par la triste nouvelle relative à mon fils.  Selon cette douloureuse information, Emmanuel, mon fils aurait été battu et reçu plusieurs coups de poignards avant d’être jeté dans un ravin. Selon des témoignages de certains jeunes qui étaient également à cette fête, lorsqu’Emmanuel avait été invité à venir avec eux, pour regagner le village à bord d’une moto tricycle, il se serait opposé en disant ceci : Non ! Allez-y. Je partirai avec mes frères baoulés, en empruntant le plus court chemin. Aurait-il laissé entendre. Qu’est-ce qu’il a pu faire de si grave pour que des jeunes de cette communauté ‘baoulé,’ à qui j’ai donné des parcelles de forêts aux parents décident-ils d’exterminer mon fils ? Vraiment ! Je n’arrive pas à comprendre. (…) Je ne les connais pas mais il paraitrait que c’est l’un d’entre eux, ceux qui l’ont tué qui est allé informer la gendarmerie (…) », nous expliquait M. Koudou Aimé, le père du défunt, la gorge nouée et les yeux larmoyants.  En tout état de cause, face à cette réponse irrévocable, Emmanuel venait ainsi de signer son arrêt de mort. En effet, faisant donc un bout de chemin avec ces soient disant frères baoulés, Emmanuel qui ne pouvait s’imaginer, finira par être la cible de ceux-ci. Se trouvant seul contre tous, et traité comme un intrus indésirable parmi les siens, Emmanuel sera traité avec cruauté impitoyable. Que pourraient dire ces arbres et feuillages verts, jaunissants qui entendirent crier partout : « au meurtre ! On m’assassine ! Malgré qu’il ait tenté de se défendre contre ses agresseurs, mille fois hélas, Koudou Emmanuel mourra des suites de tortures.

Il faut le dire tout net. Ce meurtre commis plus ou moins avec préméditation a jeté les habitants de Mahibouo, dans une profonde affliction. La consternation se lisait sur tous les visages. Cette communauté sœur a-t-elle le sens de l'hospitalité ? Pourquoi vouloir abuser, violer l’hospitalité de ces tuteurs ? Au vu de ce qui a précédé, admettons qu’ils auraient eu la puce à l’oreille de que le village, les populations de Mahibouo, seraient assiégées, envahies par des assaillants, n’est-ce pas qu’ils partiraient du village, camouflés sans en informer quiconque?

Difficile semble être la résolution de ce problème entre leurs tuteurs et eux, les Baoulés. Rien qu’à entendre cette phrase d’une personne dans la foule. 

« Le retour de ceux-ci, (Ndlr  des Baoulé) sera synonyme de celui de Koudou Emmanuel à Mahibouo … ». Pour dire que si les Baoulé doivent revenir dans le village, il faudra ressusciter le jeune Emmanuel Koudou.

Fort heureusement, la sagesse et l’entregent de Boga Sivori, le président du collectif des chefs de village de Gagnoa, ont incontestablement évité le pire à Mahibouo.

Nesmon De Killer/Région du Gôh

 

 

Gagnoa/Conflit inter-ethnique : Le Chef de Mahibouo désamorce une bombe
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Tag(s) : #Faits Divers, #Régions
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