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Congo-Kinshasa : 2011 ou l’année terrible ?  Alain Bischoff* JPEG - 40.2 ko En 2006, pour la première fois depuis quarante ans, les Congolais se sont rendus aux urnes pour élire leur président et leurs députés| Photo : AP L’élection de Joseph Kabila à la présidence de la République, en 2006, libre et démocratique, avait fait naître beaucoup d’espoirs. Qu’en est-il en ce début 2011 ? La réalisation des « cinq chantiers » (l’emploi, l’électricité, la santé, l’eau, les infrastructures) annoncés par le président Kabila comme les mesures phares du quinquennat est au point mort. L’État congolais n’a pas réussi à mettre un terme aux menées criminelles des diverses milices qui continuent à tuer et à violer au Kivu. Le gouvernement congolais est incapable d’éviter le pillage systématique des ressources naturelles du pays, pire encore, il s’en rend complice en bradant les concessions minières aux compagnies étrangères : le cobalt et le cuivre du Katanga aux Américains et aux Chinois, les diamants du Kasaï à l’Israélien Dan Gertler - un familier du président Kabila -, sans en avoir la contrepartie en recettes fiscales. L’exploitation des mines du Kivu est sous contrôle du Rwanda qui règne en maître dans l’Est du Congo, le gouvernement de Kinshasa est amorphe face au risque de « balkanisation » du pays. Le niveau de vie des Congolais ne cesse de baisser, l’inflation galope, les denrées alimentaires de première nécessité sont hors de prix, le Congo demeure un pays à la traîne, un « pays perdu » (Paul Collier), il est l’un des cinq pays qui concentrent la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans. L’exercice du pouvoir par les autorités est crapuleux : les meurtres de journalistes et de militants des droits de l’homme –tel celui de Floribert Chebeya, l’emblématique président de l’ONG « La Voix des sans-voix », le 2 juin 2010, sans doute avec la complicité des autorités – se multiplient. Le Congo présente un aspect détestable et tout porte à croire que 2011 sera encore pire que 2010 tant les craintes sont grandes de voir le président Kabila modifier la Constitution de 2006 afin de se maintenir au pouvoir, en instaurant – pour profiter à plein de l’émiettement d’une opposition qui peine à se rassembler - un scrutin majoritaire à un tour au lieu des deux actuels. L’évolution inquiétante de la vie politique congolaise autorise même à se poser la question de savoir si les élections légalement prévues en 2011 auront bien lieu. Tous les clignotants sont en rouge au Congo-Kinshasa, et les dérives de Joseph Kabila, dont l’élection en 2006 a été voulue par la « communauté internationale », doivent être dénoncées avant qu’il ne soit trop tard, à l’évidence non par cette « communauté internationale » qui, en réalité, s’accommode parfaitement de cette situation catastrophique, mais par tous ceux à qui importe sincèrement l’avenir de la République démocratique du Congo. Tout en lui souhaitant, envers et contre tout, une bonne année 2011, on ne peut qu’être triste de l’enlisement de la République démocratique du Congo et de la régression évidente des conditions de vie des Congolais, bien mal récompensés de leurs immenses sacrifices et de leurs innombrables souffrances. |Alain Bischoff

Tag(s) : #Politique
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