La solidarité est la chose la mieux partagée dans les cours communes où l’on retrouve dans une ambiance proche de celle de nos villages. Aussi, à part les condiments que les épouses des uns empruntent à celles des autres, sans compter l’argent que leurs hommes se prêtent voire les ustensiles de cuisine que les femmes se passent entre elles, il faut faire très attention aux séries télévisées que les uns vont suivre chez les autres. Car, c’est généralement de là que naissent les relations adultérines.
De Yopougon ou d’Abobo, les Abidjanais se demandent quotidiennement quelle est la commune la plus vaste. Cette question pourrait paraître déplacée. Pourtant, elle a bel et bien sa place dans le sujet qui nous occupe. En effet, elles sont toutes deux les entités qui comptent plus de cours de communes au km² que les autres en superficie et en densité. Même si Treichville et Koumassi ne s’en laissent pas compter. Dans ces quartiers d’Abidjan, les uns petits employés des entreprises de la place s’y cachent le temps de pouvoir rebondir. Quand les autres, fonctionnaires aux modestes revenus s’y installent afin de mieux épargner et se loger décemment. Aussi, les fonctionnaires et modestes employés de petites entreprises ainsi que leurs épouses, se côtoient-ils dans cette bonne ambiance. Empreinte de cette solidarité et cette hospitalité villageoises bien africaine. Car il ne se passe pas un seul jour où certaines femmes des cours communes ne demandent aux autres, de menus services qui frisent parfois le ‘‘sans-gêne’’. Tel se faire offrir du sel, du piment, de l’oignon voire des bananes. Les mauvaises langues diraient qu’elles font leur marché chez la voisine. Sans bourse délier. Ce que confirme Léa-Cécile Y. qui fustige ce comportement : ‘‘il est vrai que dans une cour commune, l’on se serre les coudes spontanément car la base de nos rapports, c’est d’abord la solidarité. Mais est-ce que cela signifie une prise en charge quotidienne ? Tenez ! Tous les jours, ma voisine vient me demander du sel. Ce que je peux donner sans problème. Mais ce qui est inacceptable, c’est lorsqu’elle se permet de venir dans ma cuisine goûter à la sauce que ma nièce est en train de faire cuire. Allant jusqu’à demander de lui en garder un peu. Ce comportement est à proscrire parce que cela fait de ces jeunes femmes et jeunes filles, des mendiantes déguisées.’’ Karine S.ne ne dit pas autre chose.
Les séries télévisées source de relations adultérines
Cette jeune femme, Agent Commercial dont le frigidaire sert bien malgré elle, de garde-manger à près de la moitié de la cour où elle vit seule dans son ‘‘2pièces’’ avec toutes les commodités. Lorsque j’ai aménagé dans cette cour, j’ai eu le malheur d’accepter que la femme de mon voisin garde ses médicaments dans mon réfrigérateur. Quoi de plus humain que d’aider une malade à conserver ses médicaments au frais ? J’ai donc dit oui sans m’apercevoir un seul instant que je venais de commettre la pire erreur de ma vie. Parce que les jours qui ont suivi, la moitié des aliments des femmes de la cour se sont retrouvés dans mon réfrigérateur. J’ai bien failli refuser mais me souvenue de cette phrase que mon époux, Journaliste-Consultant me disait chaque fois que nous discutions du comportement des uns et des autres. Qu’ils vivent dans appartement ou une cour commune, de ne jamais oublier que, quel que soit l’endroit où l’on habitera, les voisins sont toujours la première famille. Le pire, c’est lorsque cette ‘‘première famille’’ s’invite chez vous jusqu’à une heure tardive, pour ne vous libérer qu’à la fin des programmes télé. Et si par malheur, vous essayez de les raisonner en leur faisant comprendre que vous devez vous lever de bonne heure et qu’il vous faut éteindre votre téléviseur, il y a de fortes chances de voir votre porte ou votre fenêtre crocheté les jours suivants. En clair, cela signifie que vous devez être solidaire de gré ou de force.’’ Dans ces cours communes, l’on observe aussi des choses de la vie quotidienne, qui vont des scènes de ménage aux réunions de famille. Question de régler telle ou telle question qui pourrait perturber la bonne ambiance qui doit être de mise entre voisins. Seulement, certaines personnes sont ainsi faites qu’elles ne savent nullement vivre en société. Mais est-ce leur faute quand la promiscuité permet de tisser des liens ? Ceci est un euphémisme pour dire que des hommes et des femmes dans les cours entretiennent des relations coupables nées de leurs fréquentations permanentes. Ainsi, regarder la télévision chez le voisin peut être le point de départ d’une relation entre le visiteur et la maîtresse des lieux ou de la jeune fille branchée de séries brésiliennes avec le maître des lieux. Jean K garde un très mauvais souvenir de son expérience des cours communes. En effet, dit-il : « déflaté et ne sachant à quel saint me vouer parce que ne pouvant subvenir à mes besoins mêmes primaires, j’ai dû quitter le ‘‘3 pièces’’ que j’habitais à Marcory-Remblais pour Adjouffou dans le sous-quartier appelé ‘‘Petite Mosquée’’. Du coup, les habitudes ont changé. Alors que dans mon ancien quartier j’étais seul, je devais m’habituer à vivre avec des gens qui viennent soit regarder la télé, soit me demander s’ils pouvaient garder leur repas ou leurs médicaments dans mon réfrigérateur. Certains, sans même prendre la peine de m’en demander la permission, venaient se servir à boire. Mais ce n’est pas tout. Certaines femmes mariées ne se gênaient pas de passer des heures chez moi à regarder la télé.
Délaissant quelques fois leurs époux qui, n’ayant pas vu de repas sur la table à l’heure du repas, venaient les battre comme plâtre chez moi. Me mettant très mal à l’aise parce que n’ayant pas su user d’autorité pour les mettre à la porte de chez moi. » Ici se pose le problème de la maturité des femmes vivant dans les cours communes. Il est surprenant d’en voir certaines délaisser leurs maisons pour aller suivre un film chez le voisin ou les hommes, chez leurs camarades de la même cour. Et c’est ainsi que les déboires arrivent dans les couples. N. T se souvient comme si c’était hier de la honte que lui a fait vivre sa femme un jour de pluie : « Lucie, ma copine, était habituée à un certain confort que je ne pouvais plus lui assurer. Aussi un jour, Jean L qui était célibataire, beau et avait relativement ‘‘un peu’’ l’a invitée à suivre un film. Elle a accepté. Mais le plus grave, c’est que cette relation a duré 6 mois avant que je ne l’apprenne par une femme de la cour dont le mari sortait également avec Lucie, ma copine. Elle l’a dénoncée pour, dit-elle, mettre fin à l’humiliation dont j’étais l’objet car en fait, poussée par son envie effrénée de l’appât du gain, Lucie couchait avec tous les hommes de la cour. Ce que les autres femmes ne pouvaient tolérer voire supporter plus longtemps. Surtout que cela se passait avec leurs époux respectifs. Et un jour, je l’ai tellement battue qu’elle a dû quitter la cour. Mais cela a entraîné des conséquences énormes dans les relations entre les uns et les autres puisque la femme du mari dénoncé a été chassée sous un prétexte puéril. Lui, le mari soutenait que je couchais aussi avec sa femme, sinon pourquoi est-ce à moi qu’elle est venue dire ce que ma femme fait alors que sa femme n’est pas la seule au courant des infidélités de ma copine ». Ces exemples on peut les multiplier à volonté mais le cas le plus écœurant est celui qu’a vécu Solo Y. Il a été cocufié pour du poulet braisé. Solo n’a jamais un bout de temps pour amener sa petite amie qui est friande de poulet braisé en déguster de temps à autre. Un des voisins ayant remarqué le goût prononcé de S F pour ce mets ne manque jamais l’occasion de lui en offrir. De sorte qu’elle en avait pris l’habitude. Finalement, S F a cédé à son soupirant. Ridiculisant Solo Y qui était obligé de quitter la cour pour éviter l’opprobre. Ce sont surtout les séries télévisées de 19h-1930 qui sont source de relations adultérines. En effet, à l’heure de ces séries, ne vous avisez pas du tout à demander un service à celles qui sont y accros. Les femmes s’abîment devant les héroïnes de ces séries au point d’oublier de s’occuper du repas du soir. Cela entraîne des divorces.
Faire une impasse sur sa libido
Et c’est à cette extrémité qu’a été contraint F N : ‘‘ je suis un petit ouvrier qui ne gagne pas assez pour pouvoir m’offrir une télé couleur. Ainsi, ai-je commis la grave erreur d’autoriser mon épouse à aller regarder sa série préférée chez le voisin. Au début, elle s’occupait du repas avant d’aller voir son film. Puis, progressivement, ma femme ne s’en préoccupait plus. Le temps que je réalise, elle avait changé de comportement. Mon épouse, qui ne se maquillait pas du tout, a commencé à le faire. A 45 ans ! Je n’y ai pas accordé d’importance vu son âge jusqu’à ce qu’une querelle éclate un jour entre elle et l’épouse du voisin qui venait de rentrer du village et dont l’intuition féminine a vite fait de soupçonner son mari de la tromper. Lorsque je suis rentré du travail cette nuit-là, la cour était noire de monde. L’épouse du voisin avait tailladé ma femme avec une lame. Le sang giclait. Je n’ai su leur idylle que ce jour-là, alors que cela faisait trois que tous les deux se fréquentaient. J’ai donc dû me résoudre à déménager. Depuis ce jour, je vis seul’’.
S’il est vrai que dans les cours communes la solidarité est de mise, certains n’hésitent pas à la dévoyer. Abusant leurs voisins de leur relative aisance matérielle pour séduire leurs femmes. Et tout ceci naît des menus services que l’on devrait rendre sans arrière-pensées. Mais comment comprendre qu’il faut donner sans arrière-pensée ? Les habitants des cours communes devraient se dire que lorsque l’on vient d’horizons divers pour se retrouver et vivre comme des membres d’une même famille, certains comportements sont à proscrire. Même si l’on est incapable de faire une impasse sur sa libido. Par ailleurs, comme le dit souvent cette expression ‘‘l’Amitié n’est pas une prise en charge’’. Alors, ces femmes qui font pratiquement ‘‘leur marché’’ chez le voisin ou la voisine devraient changer de comportement. Pour du sel ou du piment, de l’huile voire du pétrole, les unes ne manquent pas de défiler chez les autres. Sans compter les petites jalousies mesquines qui naissent du fait que tous vivent des fortunes diverses. Certaines envient les autres. Il y en a qui n’ont pour seul repas qu’une assiettée de garba. Mais qui chaque fois, se mettent sur leur ‘‘31’’ lorsqu’elles sortent de leur ghetto. Dans les cours communes, on peut être ensemble ou pas. Cela dépend seulement du côté où l’on se tient.