La sorcellerie continue de faire rage dans nos sociétés africaines où elle n’épargne pas du tout les ménages et les familles. Car il est quasiment impossible d’en étudier les origines avec exactitude. Ainsi, les positions varient d’une personne à une autre. Mais le fait est que l’on est d’accord qu’elle se confond avec l’histoire de l’Afrique. En d’autres termes, elle constituerait le socle de la société africaine. Aussi, son caractère abstrait suscite-t-elle tant de peur et d’angoisse comme si elle était un frein au progrès.
Le sorcier est une personne qui pratique une magie de caractère traditionnel, secret, illicite et dangereux. Ainsi, le concept varie d’un individu à un autre. Pour les uns, le sorcier est le charlatan, le guérisseur, le visionnaire, le mystique. Pour les autres, c’est tout simplement ‘‘un mangeur d’âme’’. Mais une chose est sûre, c’est que la sorcellerie n’est plus à démontrer eu égard aux nombreux témoignages que l’on entend ça et là, et des complaintes dues aux forfaits des sorciers qui viennent de priver telle ou telle famille de son seul espoir. Pour comprendre l’origine de ce mal qui ronge à pas de caméléon notre société, les avis que nous avons recueillis font état de ce que la sorcellerie est une réalité inhérente à chaque être humain, sinon à chaque africain. Sa manifestation qui fait l’objet de tant de spéculations est la conséquence de maintes frustrations, de jalousies et de rancœurs. Ainsi, sans preuve tangible, l’on conduit le sorcier en prison. Vrai ou faux ? Coupables ou innocents, ils sont obligés de subir les rigueurs de la loi. Adieu la liberté ! Néanmoins dans ce charivari de sorciers, certains le sont effectivement car ayant, à plus d’un titre, fait leur preuve dans l’assassinant d’innocents sans défense. Dont ils ont mangé l’âme. C’est justement contre ces derniers, ces criminels de l’ombre, que le judiciaire a dû baser sa jurisprudence, de par les multiples plaintes pour tirer à boulets rouges sur ces pratiques. Dès cet instant, était considéré comme sorcier, toute personne prise en flagrant délit de pratiques occultes pouvant nuire aux intérêts de son prochain ou encore si des témoignages dignes de foi établissaient sa part de responsabilité. Pour mémoire, c’est en 1980, à Man, que la première confrérie de sorciers a été démantelée et mise aux arrêts. Depuis cette date, une véritable aux ‘‘chasse aux sorcier(e)s est enclenchée contre ces malfrats de l’invisible dans l’optique de les dissuader de donner libre cours à leur néfaste passe-temps. Malgré ces premiers signes de durcissement à leur endroit, la plupart d’entre eux reste sereins et imperturbables. Car ce n’est que peine perdue de les garder de vouloir les garder en prison. Au sens où pour eux, le corps ne joue pas un grand rôle dans la chasse à la chair humaine. Tout au contraire, c’est l’esprit qui opère et peut opérer sans être vu et inquiété. Un peu comme si on leur bandait les yeux pour leur confier la garde d’un mets bien apprêté. Imaginez simplement la suite. Face à cet état de fait qui n’a que trop duré, toutes les énergies devraient fédérer pour mettre un frein définitif à ce fléau qui fait plus de mal que le sida ! Par ailleurs, le judiciaire doit lasser tomber, une fois pour toutes, ces théories hégéliennes pour s’attacher les services de vrais initiés qui réfutent la sorcellerie destructive. Si le positif existe ! Car c’est à cette seule condition que l’on pourra freiner l’ardeur de ces gens malfaisants. Surtout en ce millénaire qui attend beaucoup de ses fils et filles qu’ils soient plus positifs que négatifs.
Erick Bandama
Pratiques rétrogrades
Alors que l’Europe pense progrès, l’Afrique baigne dans la régression
La sorcellerie est une pratique mystérieuse qui consiste à envoûter des personnes en vue de leur faire du mal. C’est un fléau qui prend de l’ampleur dans nos sociétés. Elle se pratique dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. A telle enseigne qu’elle rime avec certaines ethnies. L’objectif premier de ce fléau est de détruire la vie d’innocentes personnes parce qu’elles ont réussi dans la vie. Mais la question fondamentale reste de savoir ce qui constitue la base de la sorcellerie. En poussant un peu plus la réflexion et en se fiant aux conditions dans lesquelles les personnes victimes de ce fléau ont été, soit paralysées soit rendues folles ou tuées, l’on peut affirmer sans aucun risque de se tromper que la jalousie et la méchanceté sont à la base de la sorcellerie. Comme l’on le dit communément, l’homme noir est naturellement méchant ; il n’aime pas voir son prochain réussir. Pour ce faire, il mettra tout en œuvre pour anéantir ce dernier. Jalouser le prochain parce qu’il a réussi ou posé un acte positif. Il ne se passe en effet pas un jour sans que les journaux ne rendent compte personnes coupables de pratiques de sorcellerie. Ce fléau a tellement pris de l’ampleur que les sorciers sont jugés et condamnés. L’on ne sait sur quelle base et avec quelles preuves, ils le sont. Il faut souligner que pendant que les Européens pensent progrès, les Africains rêvent régression. La naissance d’un être humain en Afrique est toujours reçue avec beaucoup de joie et suscite de nombreux élans de solidarité et de réjouissance. Mais de nos jours, cela est source d’inquiétude car la question fondamentale reste comment protéger cet être innocent des sorciers. D’autant qu’aujourd’hui, la vie de tout africain est menacé aussi bien au village qu’en ville parce que la sorcellerie parce que la sorcellerie commence à y prendre des proportions inquiétantes. Certains de nos villages sont aujourd’hui dans un état de délabrement avancé à cause de la sorcellerie. Les cadres ont peur d’y construire, de faire des réalisations pour le développement de leur village, car nombre de ceux qui ont tenté de le faire n’ont pu terminer ce qu’ils avaient entamé. De nombreux jeunes ont été détruits. Certains sont devenus fous, quand d’autres qui étaient promis à un très bel avenir végètent avec leurs diplômes. Ce malgré bien des méthodes pour sévir contre les sorciers. Parce que comme une hydre dont il est difficile de venir à bout, la sorcellerie plonge nos sociétés, impuissantes, dans les bas-fonds du sous-développement. Cette force néfaste a pris un grand pas sur l’existence humaine. Contrairement à ce que pourraient croire ceux qui, une fois dans leur existence, en ont subi les affres d’une certaine façon ou une autre, cette pratique n’est ni propre à l’Afrique ou au monde noir. La sorcellerie se révèle comme un canal pour maintenir toute personne dans un état de misère indescriptible car le sorcier a du mal à supporter le bonheur d’autrui. Aussi, serait-il également absurde de croire qu’il ya des sorciers positifs et des sorciers négatifs. En effet, toute pratique de la sorcellerie est négative pour la simple raison qu’elle n’est pas un don de Dieu. Et justement, n’étant pas un don divin, il ne faut pas l’ignorer. Ne dit-on pas que le grand coup que la sorcellerie ait réussi à faire à l’Humanité, c’est de se faire ignorer ? Evitons donc d développer à son encontre, un comportement de psychose qui ne ferait que l’enrichir. Partant, il convient d’adopter un raisonnement rationnel afin de redécouvrir les véritables enjeux de la sorcellerie. C’est à ce seul prix que nous parviendrons, avec des moyens subtils, à convaincre ses adeptes plutôt que de les contraindre tout en préservant leur dignité humaine. Ainsi va l’Afrique. Mais peut-on réellement combattre ce fléau qu’est la sorcellerie ? La question reste posée.
Assi M.
Témoignage d’un ancien sorcier : Comment il s’y prenait
Un ancien sorcier d’un village Akyé après être passé aux aveux, a expliqué comment il procédait pour détruire la vie des hauts cadres et des jeunes du village. Selon lui, la sorcellerie est héréditaire car l’ayant reçu de son père qui fut un grand sorcier de la région d’Adzopé. Il affirme avoir été initié dans la forêt à une heure du matin. Selon ses dires, le sorcier ne peut ni détruire ou ôter la vie à un tiers si dans la famille de celui-ci, il n’y a pas de sorcier. Son objectif était de faire du mal aux personnes quand on venait le solliciter. Mais comment procédait-il pour opérer ? Il disposait de nombreux fétiches pour accomplir ses sales besognes. Son attirail : une mâchoire humaine, des bouteilles cassées et un hameçon. Ecrasés et emballés dans un morceau de pagne, ce fétiche servait à tuer les cadres lorsqu’ils étaient en mission. Le sorcier le faisait à la demande de la famille ou d’un collègue qui veut prendre la place d’un autre. Avec ce fétiche, vers minuit-une heure du matin dans une forêt, il se mettait torse nu, épelait le nom de la personne à tuer et dès qu’il tirait sur un fil, 7 (sept) gouttes de sang tombaient dans sa paume et le matin, la personne (victime) ressentait des brûlures dans tout le corps. Et malgré les analyses aussi complètes que possibles qu’elle ira faire chez un médecin, le praticien ne diagnostiquera pourtant jamais le mal et le ‘‘programmé’’ mourra une semaine après, de courte maladie. Avec ce fétiche, il détruisait la vie des cadres du village pour les empêcher de construire dans leur village. Ce sorcier disposait d’un autre fétiche composé de 10 doigts humains emballés dans un tissu de percale blanc planté au milieu du village pour tuer les jeunes dudit village. En écoutant cet ancien sorcier confesser ses ‘‘exploits’’, nous épousons parfaitement la réflexion de ce philosophe qui affirme que : ‘‘ L’homme est un loup pour l’homme’’. Cependant, il nous arrive encore de nous interroger afin de comprendre pourquoi tant de méchanceté entre nous.
A. M
Flagrant délit de sorcellerie?
Définie comme étant le résultat de pratiques occultes qu’opère le sorcier sur les êtres et les choses au moyen de charmes et de maléfices, la sorcellerie a aujourd’hui la mainmise sur toute créature humaine. Même les plus grands intellectuels en ont une peur bleue. Eux dont certains s’en gaussaient parce que très rationnels de par leurs études. Seulement savent-ils que l’Afrique reste encore et toujours très mystérieuse et mystique à jamais devant ce fléau ? Car, dit-on, le sorcier ne s’en prend qu’aux personnes opulentes. Même si quelques fois, il lui arrive de ne point faire la fine bouche, en s’en prenant à des personnes démunies. Le sorcier est impliqué dans tous les malheurs. Il est à l’origine de toutes les catastrophes qui s’abattent sur tout village, même si ces phénomènes peuvent résulter de la pure coïncidence. Dans tous les décès d’origine douteuse, la sorcellerie est-elle une réalité à négliger ? Malheureusement, l’on ne peut qu’acquiescer de manière résignée. Chaque jour nous conforte dans nos craintes. La sorcellerie n’est pas prête ni à s’étioler ni à s’arrêter. C’est pour cela que l’on est passé du port du cercueil à la justice, qui fait de son mieux pour décourager ces hommes et ces femmes avides de mal et de nuisance. Ici encore, il ya un paradoxe. En effet, comment peut-on mettre derrière les barreaux une personne qui a agi de manière surnaturelle ? Donc que l’on ne peut confondre de flagrant délit ? Une personne que l’on ne voit ni tuer ni faire de mal ? Certes elle est fautive mais de simples fers ne peuvent l’arrêter dans la tâche qu’elle s’est assignée. La sorcellerie, il faut le dire, ne tire pas seulement sa source des pratiques occultes et lugubres mais aussi et surtout de la jalousie, de l’envie et la méchanceté. Nombreux sont aujourd’hui les cadres et les hommes hautement placés qui ne vivent plus parce que victimes de ces pratiques démoniaques. Refuser de construire dans son village est devenue ‘‘une pandémie’’ car plusieurs de ceux qui ont essayé ne sont plus de ce monde pour continuer le travail entamé. Encore nombreux sont ceux qui sont prêts à contacter des marabouts, des charlatans et tutti quanti pour mettre fin à la brillante carrière soit de leur frère, soit de leur sœur, de leur ami voire de leur époux (se). Triste que tout cela ! Nous serions encore tentés de dire ‘‘pauvre Afrique’’. En son sein, ses enfants s’entre-déchirent, se battent et se battent et se nuisent. Comment grandir et espérer s’asseoir à la même table que les grands de ce monde ? La justice quant à elle ne peut freiner ce terrible fléau qu’est la sorcellerie. Il appartient donc aux sorciers de se ressaisir et de prendre conscience du retard qu’accumule depuis longtemps l’Afrique pour passer du mal au bien, en ne devenant pas des faiseurs d’orphelins sur commande.
Denise Aka Francisca
Sorcellerie et mysticisme
S’il est un fait de société en Afrique aujourd’hui qui répand la terreur et la psychose, c’est bien la sorcellerie. ‘‘Myctosophie ou sagesse de la nuit’’ pour ne pas la nommer, la sorcellerie a atteint à notre époque, des proportions démesurées qui ne laissent personne indifférent. Ainsi, parler de la sorcellerie, c’est entrer dans l’univers tumultueux des sorciers et plonger dans le monde mystérieux des esprits qui ne regorge que d’étrangéités.
Le sorcier. Cet individu au service des forces invisibles, différent du charlatan, du devin ou du magicien et invocateur de Satan est capable de manger l’âme de sa victime au sens spirituel et mystique du terme. Esprit malveillant et surtout malfaisant, doté du redoutable pouvoir d’ôter la vie à ses semblables, il n’a que faire des règles élémentaires bibliques et la vie en société qui professent que l’homme ne doit pas tuer son semblable. Les sorciers, par de redoutables moyens mystiques, tuent leurs proies à distance. Polymorphes, ils sont capables de prendre des formes de chat, de hibou, de panthère etc…afin d’assouvir leur soif de détruire, de nuire inutilement. Leurs victimes, bien que vivantes, peuvent être enviées alors que ‘‘mangées’’ (tuées en sorcellerie).
Aussi redoutable que son maître Satan, le sorcier est à même de suivre gestes et mouvements quelque soit la distance où l’on se trouve. Ce personnage obscur et mystérieux n’agit qu’à ses moments de prédilection que sont la nuit et l’obscurité. Certes, certains agissent en plein jour, cependant ce sont des individus qui aiment agir nuitamment, à la faveur de l’obscurité. A l’instar des chats, ils ne craignent pas les ténèbres même les plus opaques. La nuit, tous nus tels des vers de terre, ils s’adonnent à leurs pratiques immorales et destructrices à cœur joie, juste pour monter en ‘‘grade’’. Le plus téméraire, sans pitié, est très souvent élu chef de confrérie, sinon de …gang. Toute société a ses faits culturels. C’est ainsi que dans d’autres Etats voire continents, on parlera de magie ou même de la sorcellerie, notamment en France. Où les sorciers sont identifiés par le port du balai à l’aide duquel ils se déplacent. Or en Afrique, le sorcier est difficilement identifiable. Il se veut plus ou moins effacé. Préférant travailler à la faveur de l’obscurité afin de ne pas attirer l’attention de ses éventuelles victimes. Le sorcier n’a pas peur. Il agit comme s’il n’était pas doué de faculté lui permettant de différencier le bien du mal. Il peut abattre sa progéniture et se comporter dans la journée comme s’il était étranger à ce qui est arrivé. Nous naissons tous sorciers. Ne dit-on pas que quiconque a goûté le lait d’une femme est un sorcier en puissance ? La communauté des sorciers est un ensemble de personnes sans foi ni pitié, qui est tributaire d’une chaîne alimentaire où quiconque a ‘‘mangé’’ le sera à son tour. Manger l’âme d’un parent d’un quelconque membre de la confrérie expose à payer, rembourser son ‘‘crédit’’ comme ils le disent dans leur jargon. Au regard de ce qui précède, il ressort que la sorcellerie est un mal vivant et réel. Cependant, il peut être combattu avec le service de sorciers plus ‘‘ gradés’’. Même s’il craint Dieu, disons que pour véritablement le combattre, les mêmes moyens obscurs et mystérieux que ceux qu’il utilise doivent lui être opposés.
Agli T. Hilaire
Enquête Express Croyez-vous à la sorcellerie ?
Comme le disait un jour un sage d’Afrique ‘‘tant qu’on est sur la terre avec des hommes, on aura toujours des problèmes avec les hommes’’. Pour le paraphraser, on pourrait dire que tant qu’on vit, on aura des problèmes de sorcellerie. Pour savoir ce qu’en pense la société civile, nous avons donné la parole aux lecteurs. Seulement pour des raisons bien évidentes de sécurité, les noms ont été modifiés, de même qu’il nous a paru plus prudent de ne point illustrer les propos des uns et des autres avec leurs images à leur demande.
C. H. H (Perception) : ‘‘J’ai été victime de sorcellerie’’
‘‘Selon l’explication que nous donnent nos Pasteurs, la sorcellerie fait allusion à esprit humain habitant un individu et le conduit à faire le mal. Il n’est ni homme ni véritablement esprit. Il est difficile à chasser. Inconsciemment, il guide l’être humain à commettre des actes ignobles. Ainsi, l’homme habité par cet esprit ou du moins celui qui est envoûté ne se contrôle plus car il n’est plus maître de lui-même. Il ne voit que le mal. Personnellement, je crois à la sorcellerie puisque j’en ai été victime. Etant chrétienne, j’ai invité une camarade en Jésus-Christ. Toute nouvelle, elle avait besoin d’être suivie pour l’amener à avoir du zèle dans la Parole de Dieu. Pour mieux réussir ma mission, j’ai choisi de l’héberger chez moi. Quelques mois plus tard, le Seigneur m’invite à des prières intenses en songe. C’est ce que j’ai fait. Ensuite, toujours en songe, je voyais des papillons. C’étaient des gens qui tentaient de m’attraper. Ils ne pouvaient pas s’approcher de moi puisque la puissance de Dieu était fortement sur moi. Quand j’ai eu à expliquer tout ce que je voyais à ma camarade, elle a soutenu que certainement ce sont ses parents puisque ces derniers sont sorciers. Elle devrait aller en France rejoindre son mari. Mais ses parents ont fait en sorte que ce voyage soit complètement annulé et qu’elle se marie à une autre personne. Pour finir, je dirai que Dieu est le seul protecteur des humains afin d’être à l’abri de la sorcellerie.’’
Y. J. (Postier) : ‘‘Le plus grand sorcier, c’est Dieu’’
‘‘La sorcellerie est un thème d’actualité. Mais moi je ne crois pas à la sorcellerie. Je ne suis jamais allé voir un féticheur ou un charlatan. Quand j’étais encore sur les bancs, ma mère m’en parlait souvent, mais j’avais toujours refusé de voir tel ou tel. Si tu crois à la sorcellerie, tu vas te faire beaucoup d’ennemis. Je crois plutôt au destin. Car, accuser d’autres personnes de la mort d’un autre n’est as juste. Rien ne prouve que l’accusé ou les accusés soient véritablement les coupables. S’il arrivait un jour que je rende l’âme, j’ai dit à mes parents de n’accuser personne. C’est Dieu qui m’aura rappelé auprès de lui puisque ma mission sur la terre serait terminée. Nous avons vécu deux cas. On a perdu deux de nos collègues et frères. Arrivés dans leur village, ce sont les parents qui étaient sans justification aucune. Pour moi, la sorcellerie peut disparaître si chacun se donne fermement à Dieu. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire connaît des difficultés financières. Que ceux qui se disent sorciers unissent leurs forces et surtout leurs connaissances pour trouver une solution définitive à cette situation.’’
Me K.J (Karatéka) : ‘‘La sorcellerie est négative’’
La sorcellerie tire sa force dans la négativité. Il est vrai que chacun a son interprétation de la chose. Pour moi, le sorcier ne fait que le mal. Il trouve naturel le fait de vouloir faire le mal. Il empêche une personne qu’il n’aime pas d’évoluer. Le sorcier est capable de dérouter toute personne du chemin que Dieu avait tracé pour l’orienter vers une destinée. Je prends l’exemple d’un ami qui vit en France avec toute sa famille (son épouse et ses enfants) et dont les tantes sont ici en Côte d’Ivoire. Dans leur confrérie, ses tantes ont réussi à faire pourrir son cœur bien que vivant, lequel d’ailleurs a été et remplacé par un autre. Comme mon ami n’est pas mort, elles ont ensuite attaqué sa fille qui est décédée sans être malade. Au fait, comment a-t-on su tout cela ? Après leur conversion en Jésus, il fallait avouer tout le mal commis avant de recevoir le baptême pour lequel mon ami était présent avec une caméra. Pour filmer toute la cérémonie. Devant le public médusé, elles ont tout dévoilé. Ses tantes ont affirmé être à la base du changement de cœur de mon ami qui se trouve en France où la fille occupait une chambre. L’ayant trouvée toute seule, elles l’ont assommée à la nuque avec un morceau de bois. A la question de savoir pourquoi elles font le mal, elles ont répondu que cela augmentait leurs ‘‘grades’’ dans leur confrérie. Pour commettre leur sale besogne, les sorciers ne se déplacent jamais physiquement affirment-elles. C’est leur âme qui va à la conquête de celle de la victime ‘‘programmée’’ dans la nuit. Donc la sorcellerie est négative.’’
D. M (Commerçante) : ‘‘Les sorciers sont redoutables’’
‘‘La sorcellerie est un sujet difficile à expliquer. Seul celui qui la pratique peut en donner une signification beaucoup plus large. Elle a des effets qu’on ne peut pas concrètement prouver. Mais des situations nous amènent à croire tout de même à ses effets. Une personne atteinte d’une maladie mystique ne peut être guérie ni par la médecine ni par un traitement naturothérapeute appelée communément indigénat. Il faut un mystique pour la soigner. Le sorcier est dangereux. Il peut mettre fin à la vie d’un individu sans aucun délai. Les sorciers sont redoutables, Seul Dieu a leur solution.’’
Propos recueillis
Par Jacques Gnadja
La sorcellerie : Le mystère de l’Afrique
Nombreux sont les Africains qui condamnent la sorcellerie sous toutes ses formes. Parce qu’ayant de loin ou de près, été victime de son pouvoir maléfique.
De fait, ce phénomène qui fait l’objet de controverse dans les familles secoue également le milieu intellectuel. Ainsi pour les plus sceptiques, la sorcellerie est la cause essentielle du très grand retard de l’Afrique dans le concert des Nations. A l’opposé, les moins radicaux pensent que le développement de l’Afrique passe par une prise en compte réelle et effective de cette réalité qui est inhérente aux Africains. Car, comme le disait Albert Camus : ‘‘ En toute négation, il ya une floraison de oui’’. La sorcellerie ne saurait être, à tous égards, anti-progressiste. Mieux, elle invente le progrès en transformant le futur en un présent difficilement accepté mais qui s’impose néanmoins à tous. En Côte d’Ivoire par exemple, certains utilisent la sorcellerie pour protéger les leurs et permettre de réussir sans une influence humaine déguisée etc.
Au Bénin aussi, la sorcellerie est pratiquement une institution avec le vodou. Ainsi ces hommes et ces femmes adeptes de cet occultisme bénéficiaient de la protection du dieu serpent pour un épanouissement quasi-garanti dans leur vie professionnelle. La légende ne dit-elle pas que manger 7 (sept) têtes de chat protège de la mort à l’étranger jusqu’au retour sur la terre des ancêtres. Mieux, dans les sociétés traditionnelles où le prêtre est venu bouleverser un certain équilibre, l’on lui attribue à tort ou à raison, des pouvoirs surnaturels qui ne viennent pas toujours de Dieu mais des forces occultes. Ce mythe que l’on lui reconnaît lui permet facilement de créer une certaine cohésion entre les fidèles et lui dans la mesure où il se présente comme le cordon ombilical d’avec ceux-ci. En un mot, il ya une sorcellerie constructive qui se veut l’ennemie des sorciers destructeurs.
Erick Bandama