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Excellence Monsieur le Premier Ministre, Ministre de la Défense

Je voudrais, dans cette tribune libre, attirer votre attention sur un double phénomène qui risque de salir la réputation des FRCI et, à l'échelle planétaire, de ternir surtout l'image de marque du nouveau régime en place en Côte d'Ivoire.

Toute la Côte d'Ivoire est reconnaissante envers les FRCI - pour la plupart FAFN il n'y a pas si longtemps - d'avoir libéré la Côte d'Ivoire du joug des refondateurs ayant confisqué le pouvoir après l'élection démocratique du 28 novembre 2010. En 15 jours - du 28 mars au 11 avril -, ces guerriers intrépides ont balayé le régime sanguinaire du FPI qui tenait le pays en otage depuis plus de 10 ans, sans élection et sans avoir autorisé une seule fois l'opposition à manifester. Il convient de garder intact ce crédit de confiance et de le capitaliser.
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Cependant, des voix de plus en plus audibles et de plus en plus crédibles se lèvent pour dénoncer journellement des exactions perpétrées par ces mêmes forces républicaines, en plus du racket et des pillages auxquels elles s'adonnent. Ceci entame grandement leur crédit et ternit l'image du pays au moment où votre gouvernement fait des mains et des pieds pour redorer le blason de la Côte d'Ivoire. Monsieur le ministre de la Défense, donnez des instructions fermes à votre armée pour que cessent immédiatement toutes les exactions, tous les pillages et tout racket. Au besoin, mettez aux arrêts certaines brebis galeuses des FRCI et infligez-leur des sanctions exemplaires. 

Dès avril, une seule organisation non-gouvernementale avait dénoncé sans doute pompeusement et légèrement, le massacre insensé de 800 civils à Duékoué le 29 mars 2010. Je n'ai jamais cru à cette accusation hyperbolique, car je sais qu'aucune force armée ivoirienne ne peut massacrer 800 de nos concitoyens en un seul jour et dans une même ville. La Côte d'Ivoire n'a jamais été le Rwanda. Même la soldatesque à Gbagbo n'a pas réussi ''l'exploit'' d'une telle barbarie! Et depuis, personne, ni aucune organisation de défense des droits de l'homme, ni l'Onuci, n'a pu corroborer ce chiffre de 800 morts dans Duékoué seule. Cependant, depuis lors, Amnesty International, la FIDH, Human Rights Watch et l'Onuci ne cessent de dénoncer de graves violations des droits de l'homme, ainsi que des pillages et autres exactions gratuites perpétrés par les FRCI. Les accusateurs sont nombreux et leurs voix de plus en plus autorisées et concertées. J'en conclus qu'il doit y avoir matière à accusation, comme il n'y a pas de fumée sans feu.

Certes, ces organisations ne sont pas des juges d'instruction, encore moins des tribunaux : elles se contentent de recueillir des témoignages qu'elles transcrivent les uns à la suite des autres. Cela a le mérite d'accabler les mis en cause sans toutefois constituer des preuves. Au demeurant, les accusés n'ont jamais le luxe de pouvoir se défendre dans ces rapports tandis que les accusateurs sont souvent des menteurs et des affabulateurs. La dénonciation calomnieuse étant beaucoup répandue en Afrique en général et en Côte d'Ivoire en particulier, je prends les accusations des ONG de défense des droits de l'homme avec prudence. Elles sont un bon départ pour ouvrir des enquêtes, mais elles ne sont pas des preuves admissibles au tribunal. C'est pourquoi, il vous incombe, en votre double qualité de Premier Ministre de la République de Côte d'Ivoire et de ministre de la Défense, de mettre les FRCI au pas et de diligenter des enquêtes partout où des exactions, pillages et racket ont été rapportés contre elles et de faire juger les accusés. Tout coupable devra être puni conformément à la loi et extirpé des rangs des FRCI. Vous devez y veiller personnellement pour redorer le blason des FRCI et celui de notre pays. En attendant que la justice ne termine son travail, mettez déjà fin au racket. Il ne sied pas de décrier les maux de la gestion du pouvoir par le FPI et de faire pire que ce que nous avons connu d'octobre 2000 à avril 2011.

Monsieur le Premier Ministre, telle est votre salutaire mission dans l'immédiat et je ne doute guère que vous la mènerez à bien. Pour l'heure, veuillez accepter l'expression de ma considération fraternelle et respectueuse, car je sais votre tâche très ardue.

Votre concitoyen,


Tag(s) : #Lettre ouverte
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