L’annonce d’une liaison du président de la République française avec une actrice ne crée pas de difficulté pour l'opinion dans la France d’aujourd’hui.
Mais elle soulève un problème inédit d'ordre public : : comment justifier, en l'absence de lien marital, le rôle dévolu par le protocole à la compagne du président ? Michel Psellos s'est tourné vers l'Histoire pour nous éclairer...
François Hollande ne s’est jamais marié mais a vécu un quart de siècle avecSégolène Royal avec laquelle il a eu quatre enfants, et vivait depuis cinq ou six ans avant son élection à L’Élysée avec la journaliste Valérie Trierweiler.
Cette dernière a été conduite à jouer le rôle de «première dame», qui ne figure pas dans la Constitution mais comporte des éléments de représentation bien réels, comme la participation à des voyages officiels, la réception de diverses personnalités françaises ou étrangères à l’Élysée et la disposition d’un bureau avec quelques collaborateurs payés sur les fonds publics pour s’occuper d’œuvres de bienfaisance.
La presse américaine a perçu l'ambiguïté de son statut en la qualifiant de «First Girl-Friend» lors du voyage officiel du couple présidentiel aux États-Unis. On peut aujourd’hui s’interroger sur la justification d’une poursuite de ce rôle de représentation par Valérie Trierweiler, si elle n’est plus la compagne du Président.
Une femme plus ou moins délaissée par son mari peut continuer à jouer ce rôle comme on a pu le voir sous d'autres septennats, car elle demeure la seule épouse en titre. Mais que dire d’une ancienne compagne, même si la nouvelle ne souhaite pas se substituer à elle dans ce rôle de représentation ?
La première compagne Ségolène Royal aurait beaucoup plus de titres d’ancienneté et de liens familiaux pour jouer ce rôle de représentation, mais son choix poserait à l’évidence un problème politique ardu en raison de sa participation personnelle à la vie politique, qui la conduisit à être candidate à la présidence de la République en 2007.
Gaston Doumergue, célibataire élu président de la République en 1924, n’épousa son amie de cœur que douze jours avant la fin de son mandat en 1931. Pendant son septennat, il eut souvent recours à l’une de ses sœurs qui lui tenait le bras et jouait le rôle de maîtresse de maison à l’Élysée pendant les réceptions officielles, mais ne participait pas aux voyages à l’étranger.
Le cardinal de Richelieu, qui n’était pas chef de l’État mais principal ministre du roi, se faisait assister par une de ses nièces. On pourrait encore ajouter que, pour les facilités du protocole, Talleyrand, ministre des Affaires étrangères, était assisté au Congrès de Vienne puis à l’ambassade de Londres par Dorothée de Dino, l'épouse de son neveu Edmond de Périgord (le couple était séparé). Elle était surtout fille de son ancienne maîtresse Dorothée de Courlande.
L’avantage d’un lien latéral de parenté comme celui de sœur ou de nièce est son intangibilité, bien meilleure que celle du lien du mariage dont on a vu lors du précédent quinquennat qu’il pouvait déboucher sur un changement de première dame en cours de mandat.
Mais pour tout compliquer, François Hollande n’a pas de sœur !...
Le plus simple pourrait donc être de se passer désormais de «première dame», comme cela fut déjà le cas après le décès de l’épouse du président René Coty qui ne fut pas remplacée