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Alors que le président de la République a annoncé des perspectives budgétaires pour 2013 avec une croissance de 6,7%, l’institution financière envisage tout au plus 5%

 Sur les prévisions de croissance économique au Cameroun, le Fonds Monétaire International (FMI), semble ne pas être sur la même position que les dirigeants camerounais, notamment, le président de la République. Dans une communication datée du 19 juillet dernier, l’institution fait savoir que selon ses analyses, les prévisions de croissance pour l’année 2013 ne seront pas mieux que 5%. «Notre équipe attend – du Cameroun -, une croissance réelle de 4,2% à 5,5% en 2016.» L’institution est ainsi loin des prévisions de la circulaire présidentielle relative au budget 2013 et qui prévoit, elle, un chiffre supérieur. «Au Cameroun, le taux de croissance devrait connaître une amélioration en 2013 et atteindre les 6,7%, du fait de la mise en œuvre effective des grands projets structurants (barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Memve'ele et Mekin notamment), et de l'accroissement projeté de la production des hydrocarbures», peut-on lire dans la circulaire. Autre point critique soulevé par le FMI, ces cinq dernières années, la croissance au Cameroun a été essentiellement le fait de l’atteinte de l’initiative Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) et aussi, les initiatives multilatérales de remise de dette. Cependant, font observer les experts du FMI, le revenu par habitant n’a pas beaucoup bougé, malgré la diversification par le pays de son économie. L’institution de Bretton Woods attire aussi l’attention des dirigeants sur le fait que la croissance attendue à moyen terme, reposera essentiellement sur l’augmentation des exportations de pétrole et le lancement des grands chantiers structurants avec le soutien financier des partenaires au développement.

 


L'institution dément les prévisions du gouvernement camerounais

L’avis du FMI semble être partagé par certains experts de l’économie camerounaise. Selon Dieudonné Essomba, un ingénieur statisticien et spécialiste de la macroéconomie camerounaise, prévoir une croissance de 6,7 est irréaliste dans l’absolu. «Malheureusement, la croissance dans notre pays repose trop sur sa capacité à exporter. Il faut suffisamment vendre à l’étranger et avec une bonne marge, ce qui n’est pas vrai pour le Cameroun du moins en 2012. Les recettes de cacao sont en baisse, justement parce que les producteurs ont du mal à augmenter la qualité et la quantité produites, le prix du baril de pétrole est en baisse et les autres produits exportés sont développés par des investissements étrangers à fort caractère de rente, pour ceux qui les exploitent. On ne peut donc pas prévoir une croissance de quelque nature que ce soit, sans examiner notre capacité maximale à exporter effectivement par tête d’habitant. Je ne vois pas comment on peut espérer une croissance telle que présentée par le chef de l’Etat, sans tomber dans l’endettement et tout le monde sait exactement ce que l’endettement nous a causé comme tort dans les années antérieures», a-t-il fait savoir, répondant aux questions de journalistes.

Ces différentes analyses, invitent à une manière différente d’aborder les questions économiques, pour l’ensemble des acteurs au Cameroun. Si les projets structurants vont constituer une augmentation continue pour l’actif de la comptabilité nationale, beaucoup de personnes estiment qu’ils n’auront pas, du moins durant la période de leur réalisation (5 ans minimum), un impact positif et direct sur l’ensemble des Camerounais. Les spécialistes font savoir que le fossé entre les riches et les pauvres, en l’absence de filets sociaux, risque de se creuser d’avantage. Selon une récente enquête de l’Institut national de la statistique (INS), ils sont près de 5 millions de paysans camerounais qui en valeur relative, gagnent une moyenne maximale de 13 600 francs CFA par mois, soit deux fois moins que le revenu minimum garanti par la loi. Un chiffre que la construction d’un port à Kribi et les autres projets, ne changeront pas considérablement à moyen terme, selon des experts de la Banque Mondiale.

Tag(s) : #Economie
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