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Tout en ignorant les propositions de l’Episcopat pour l’amélioration du système électoral, le chef de l’Etat nomme coup sur coup deux évêques.

A défaut de «décrocher» le Cardinal Tumi, Paul Biya a nommé le 6 juillet dernier parmi les six membres devant compléter l’effectif d’Elecam, l’évêque du diocèse de Bafoussam, Mgr Dieudonné Watio, 65 ans. Face à la presse, le prélat, à peine revenu des émotions déclarera: «Pour être nommé membre d’Elecam, il y a des conditions ou des qualités exigées : être reconnu pour sa compétence, son intégrité, son sens patriotique, son esprit de neutralité et d’impartialité. Je pense humblement que si j’ai été nommé membre de ce Conseil électoral, c’est quelque part parce que je correspondais au moins un peu à ces qualités exigées». Parmi les personnalités nommées par le chef de l’Etat le 6 juillet au Conseil électoral d’Elecam, l’on retrouve une autre figure de poids de l’Eglise catholique, Pierre Titi Nwel. Cet universitaire, officiellement à la retraite depuis 1998, a en effet coordonné les activités du Service national Justice et Paix (Snjp) de l’Eglise catholique pendant 7 ans, de 2001 à 2008. L’on a d’ailleurs encore frais à l’esprit les rapports embarrassants du Snjp sur les dernières élections organisées au Cameroun, notamment l’élection présidentielle de 2004.

Le vendredi 7 juillet dernier, soit moins de 24h après la nomination de Mgr Watio et de Pierre Titi Nwel à Elecam, Paul Biya jettera son dévolu sur l’évêque de Kribi, Mgr Joseph Befe Ateba, pour le poste de président du Conseil national de la Communication (Cnc). Une structure qui a un rôle crucial a joué dans le cadre de la prochaine élection présidentielle. Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la Communication, a d’ailleurs rappelé mardi dernier au cours d’une audience accordée à Mgr Befe Ateba, journaliste diplômé de l’Esstic, que «votre présence incarne surtout des valeurs morales, spirituelles et intellectuelles, garantes de l’équité et de la neutralité attendues de cet organe de régulation [le Cnc, ndlr]».
Cela dit, les yeux de Chimène du pouvoir vis-à-vis de l’Eglise catholique à trois mois de l’élection présidentielle contraste avec son silence quasi assourdissant sur les propositions de l’Eglise catholique pour crédibiliser le système électoral au Cameroun. 
Dans cette veine, on se rappelle que le Service national justice et paix de la Conférence épiscopale nationale a fait parvenir au gouvernement depuis des années un projet de code électoral où on signalait des innovations majeures, notamment la création d’un office national des élections (à la place d’Elecam), la fixation de l’âge de vote à 18 ans, l’instauration d’un scrutin présidentiel à deux tours et la limitation du mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une fois.

Code unique 
Au moment des consultations organisées en 2010 par le Premier ministre aux fins de retenir le code électoral qui sied au Cameroun, Garga Haman Adji, qui faisait partie des personnes ressources ayant produit le code électoral proposé par l’Eglise catholique affirmait: «J'aurais souhaité qu'on parte du travail du Service justice et paix et du code électoral que le gouvernement a élaboré pour mettre sur pied une commission constituée des représentants des ministères concernés, des 20 premiers partis politiques et de la société civile. Il revient à cette commission de déceler le meilleur de chaque projet, qu'on consignera dans un document unique qui sera transmis au président de la République pour transmission à l'Assemblée nationale». 
Avant d’ajouter, désespéré, que «le code électoral est un recueil de procédures. Les procédures sont appliquées par des hommes. Ces hommes, ce sont ceux d'Elecam et leurs démembrements. Quelle que soit la qualité de la procédure, si celui qui est chargé de l'appliquer n'est pas à sa place, on fausse tout le jeu». 

Approché par presse après les modifications apportées à Elecam au mois d’Avril dernier, Pierre Titi Nwel prêchait pour l’avènement d’un code électoral unique, en insistant sur le bulletin de vote unique. Avant de lancer, la mort dans l’âme: «Je crois que les autorités nationales écoutent plus l’Occident que nous. En dehors de la disposition concernant la caution pour être candidat à l’élection présidentielle, presque tous les changements apportés par la dernière session de l’Assemblée nationale ont été demandés par l’Occident, par l’Organisation des nations unies. Les Occidentaux n’ont jamais demandé un code unique. On écoute plus les étrangers que les nationaux. Le jour où les Occidentaux vont venir demander un code unique, on donnera un code unique». après l’euphorie liée à l’entrée d’un évêque et d’un universitaire proche de l’Eglise catholique au sein d’Elecam ne devrait donc pas perdre de vue que les revendications de l’Episcopat restent insatisfaites à ce jour.


Tag(s) : #Politique
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