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Territoire sans unité nationale, périodiquement disputé par toutes les grandes puissances européennes depuis le Moyen Âge, la Belgique proclame son indépendance le 4 octobre 1830.

Une union mal assortie

Quinze ans plus tôt, l'Angleterre avait imposé son union avec l'ancien royaume de Hollande pour former le Royaume-Uni des Pays-Bas. Mais catholiques et bons vivants, les Belges se sentaient peu d'affinités avec les Hollandais calvinistes qu'ils jugeaient plutôt austères.

Le soir du 25 août 1830, le théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, donne une représentation de La Muette de Portici. Cet opéra d'Auber raconte un soulèvement des Napolitains contre leur oppresseur. Le public, enthousiaste, reprend le refrain : «Amour sacré de la patrie, rends-nous l'audace et la fierté».

La tension est telle que des émeutes se produisent à la sortie du théâtre. Des bourgeois se réunissent à l'Hôtel de ville et se donnent un drapeau tricolore avec les couleurs noir-jaune-rouge du Brabant, la région de Bruxelles.

Les insurgés suggèrent une«séparation administrative» de la Belgique et des Pays-Bas.

Les deux moitiés du royaume ne seraient plus unies que par une allégeance personnelle à la dynastie d'Orange-Nassau. Mais le roi fait la sourde oreille.

L'insurrection s'emballe. Liège et plusieurs cités ouvrières se soulèvent au chant de laMarseillaise puis de laBrabançonne, l'hymne belge hâtivement composé pour la circonstance.

Le 23 septembre s'élèvent les premières barricades. L'armée se heurte aux insurgés dans le parc de Bruxelles mais se retire sans trop insister.

L'indépendance est proclamée le 18 novembre 1830 par les cent quatre-vingt-huit membres du Congrès. Ceux-ci se prononcent à une très large majorité pour l'établissement d'une monarchie constitutionnelle. Il s'agit en l'occurrence de ne pas effrayer les voisins européens qui, tous, ont des régimes monarchistes.

Après avoir sollicité le jeune fils du nouveau roi des Français Louis-Philippe 1er, les Belges se rabattent sur le prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg, veuf d'une princesse anglaise. Il prête serment le 21 juillet 1831 et devient roi sous le nom de Léopold 1er.

Un siècle monarchiste

En Belgique comme dans l'ensemble de l'Europe post-révolutionnaire du XIXe siècle, la bourgeoisie ne conçoit pas de gouvernement autre que monarchique (la Suisse est l'exception à la règle), avec une Constitution à la clé et un suffrage censitaire qui tient les pauvres à l'écart des urnes (seuls ont le droit de vote les citoyens qui sont assez riches pour payer un certain montant d'impôt, le cens). Elle est opposée au suffrage universel car elle craint que les masses illettrées des campagnes n'accordent leurs suffrages aux notables locaux (curés et aristocrates).

C'est à cette époque que le terme république, précédemment synonyme d'État, en vient à désigner strictement un État non-monarchique.

Rien à voir avec le Moyen Âge où les dynasties royales, tantôt héréditaires, tantôt électives, cohabitaient avec des gouvernements oligarchiques en Suisse, en Italie ou encore en Allemagne... En dépit des idées convenues, le Moyen Âge occidental, avec ses villes indépendantes, ses républiques paysannes ou urbaines et ses monarchies électives, était moins monarchique et plus «démocratique» que l'Europe continentale du début du XIXe siècle !

Bibliographie

Sur la Belgique ou plutôt ses rois, on peut lire avec plaisir : La spectaculaire histoire des rois belges (Patrick Roegiers, 2007, Tempus, Perrin). L'auteur brosse avec beaucoup d'allant et d'humour le destin contrasté des six premiers souverains. Notons toutefois qu'il se délecte de leurs tracas intimes bien plus qu'il ne met en lumière leur action publique.

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