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A la parution des journaux tous les matins, des personnes de différentes classes sociales se bousculent devant les kiosques à journaux au Cameroun. Ces personnes lisent et relisent les manchettes des journaux, obstruant parfois le passage aux clients acheteurs. Elles encombrent les devantures des kiosques des heures durant, commentant les titres, discutant parfois à brûle-pourpoint, et finalement s’en vont sans rien acheter. On les appelle les « titrologues » : « C’est encore le matin, nous sortons pour chercher de l’argent avant de venir acheter. Pour le moment, je ne suis pas encore prêt pour acheter le journal, mais je vais acheter pour lire le contenu. » affirme l’un d’eux, mototaximan de profession. Ces lecteurs de plus en plus nombreux avec la crise économique, s’ajoutent aux « locateurs » qui louent les journaux aux revendeurs, les lisent, les relouent à des tiers, avant de les retourner aux distributeurs le soir venu. Et comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle donne baptisée « Revue le presse  », impulsée par les chaines de radio et de télévision, est en vogue, et qui contribuent à causer d’importants invendus chez les directeurs de publications. Situation que déplore : Benjamin ZEBAZE, Directeur de Publication du quotidien Ouest Littoral : « Aujourd’hui, il n’y a que Cameroon Tribune qui tire un peu plus de 4000 exemplaires parce qu’ils distribuent gratuitement dans l’administration. Sinon, les titrologues ne sont qu’une cause parmi tant d’autres. Qu’est-ce que les gens de la revue de presse font souvent ? Ils détaillent tellement les journaux, qu’il n’y ait plus des raisons de lire. Vous savez dans un pays où les gens sont pauvres, sortir 400 F CFA pour acheter un journal ce n’est pas facile. Alors ils passent leur temps à lire le journal comme ils peuvent  » Victorien BOFFU, Vendeur de journaux à Douala, fait observé que les prix des tabloïdes ont grimpé à une vitesse fulgurante, alors que le pouvoir d’achat des Camerounais à dégringolé : « La chute du marché de la presse au Cameroun provient aussi du prix. Parce qu’avant le journal coûtait 200 F CFA, l’on est passé de 200 à 300 Francs et aujourd’hui on est à 400 F CFA pour un journal. C’est cela qui influence beaucoup la vente de la presse », souligne le vendeur. La « titrologie », les « revues de presse  » abusives, et la location des journaux, mettent en péril tous les efforts déployés au sein des rédactions pour la conception et la mise en forme des articles de presse. Difficile dans ce contexte de récolter les fruits de l’effort de ces techniciens qui, au prix de leur sommeil, œuvrent chaque nuit pour assurer au peuple camerounais une information dans les délais. Et Philippe PONFET, Responsable Technique à l’imprimerie Rotojournal, de marteler : « Nous ne tirons pas que Ouest Littoral, nous tirons aussi plusieurs autres titres privés du Cameroun. Malheureusement nous constatons que la tendance est plutôt en baisse »

Dans un environnement marqué par un pouvoir d’achat faible et un taux de croissance nationale qui se situe autour de 3%, les acteurs de la chaîne de production et de distribution de la presse au Cameroun restent cependant déterminés à poursuivre leur mission, celle de toujours offrir une information de qualité nonobstant les actes d’escroquerie des « titrilogues  » et les coups fourrés d’autres ennemis de la presse.

Tag(s) : #Société
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