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Le 15 novembre 1927, Trotski (on écrit aussi Trostsky) est exclu du Parti communiste d'URSS. C'est le début d'une longue errance... et d'un mythe : celui de l'opposant irréductible à Staline et à la terreur.

Un militant de la dernière heure

Léon Bronstein, dit Trotski (ou Trotsky) Né le 7 novembre 1879 dans une famille juive de la bourgeoisie russe sous le nom de Léon (Lev en russe) Bronstein, le futur Trotski milite dans les rangs révolutionnaires à l'université de droit d'Odessa, ce qui lui vaut d'être déporté en Sibérie en 1898.

Évadé, il se réfugie à Londres sous le pseudonyme de Trotski. Il participe dès lors aux actions et débats du parti social-démocrate russe, d'où surgira le parti bolchevique (ou communiste).

Après les journées révolutionnaires de janvier 1905, il rentre en Russie et devient le chef du conseil, ou soviet, de Saint-Pétersbourg. Une nouvelle fois arrêté et déporté, il s'évade et se réfugie à Vienne.

Cet intellectuel se fait le champion de la révolution permanente et ne daigne voir dans la Russie qu'une base de départ pour changer le monde. À l'opposé des sociaux-démocrates, Trotski estime inutile que le pays passe par une révolution bourgeoise. Il préconise l'instauration sans délai de la «dictature du prolétariat» ainsi qu'un rapprochement avec les mouvements ouvriers européens.

Rallié à Lénine en juillet 1917 seulement, peu après la démocratique Révolution de Février, il entre au Comité central du parti bolchevique. Président du soviet de Petrograd (anciennement Saint-Pétersbourg), il prend une part très active à la Révolution d'Octobre.

Le lendemain du coup d'État qui a donné le pouvoir aux bolcheviques, il monte à la tribune du Congrès des soviets et lance aux délégués des partis de gauche hostiles aux bolcheviques : «Vous êtes de pauvres types, des faillis. Votre rôle est terminé. Allez là où est votre place, dans les poubelles de l'Histoire». L'expression fera florès.

Là-dessus, en qualité de commissaire du peuple aux Affaires étrangères, il participe aux négociations d'armistice avec l'Allemagne (on est encore en pleine guerre mondiale). S'imaginant que les prolétaires allemands se laisseront entraîner dans la Révolution prolétarienne par l'exemple russe, il surprend les négociateurs allemands en leur concédant à peu près tout ce qu'ils veulent.

Organisateur hors pair

À peine sortie de la Grande Guerre, la Russie entre en guerre civile. Trotski, devenu commissaire à la Guerre, révèle ses talents d'organisateur à la tête de l'Armée rouge. Il réussit à amalgamer officiers soviétiques et jeunes volontaires révolutionnaires et mène sans pitié la lutte contre les opposants de tous les bords.

Partisan d'une répression à outrance de toute forme d'opposition au régime communiste, il se heurte très vite à Staline, qui veut, comme Lénine, sauver la Révolution grâce à un compromis provisoire sur la collectivisation de l'agriculture et de la petite industrie (la NEP ou Nouvelle Politique Économique).

Après la mort de Lénine, le 21 janvier 1924, il libère sa parole. Il dénonce la dérive bureaucratique et réformiste du parti et de son secrétaire général, Staline, et forme avec deux autres leaders communistes, Zinoviev et Kamenev, un groupe d'opposition (la troïka).

Victime de ses outrances

En 1924, l'impitoyable Trotski écrit : «Aucun de nous ne veut ou ne peut discuter la volonté du Parti, car le Parti a toujours raison. On ne peut avoir raison qu'avec et par le Parti, car l'Histoire n'a pas ouvert d'autres voies pour suivre la raison.»

Il va éprouver à ses dépens la justesse de ces vues quand il devra s'incliner devant son ennemi Staline, en qui s'incarne le Parti communiste.

En janvier 1925, Trotski perd le commissariat à la Guerre et en octobre 1926, il est chassé du Politburo ou Comité central. Enfin, il est exclu l'année suivante du parti lui-même et en janvier 1928 relégué au Kazakhstan. Staline redoute de l'éliminer trop brutalement en raison de l'influence qu'il conserve sur les esprits.

En janvier 1929, Trotski est contraint enfin à l'exil. Il erre de Turquie en France, puis en Norvège et au Mexique. C'est là qu'il est assassiné d'un coup de piolet le 21 août 1940 par un espion à la solde de Staline.

Entre temps, à Istamboul, en 1929, il a pu fonder une IVe Internationale, organisation révolutionnaire qui se pose en rivale de la IIIe Internationale communiste (et de la IIe Internationale socialiste ou social-démocrate). Cette IVe Internationale trotskiste, qui prône la révolution permanente et la lutte de classes sans concession, recueille encore aujourd'hui les faveurs de quelques intellectuels.

André Larané.
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