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Moustafa Kémal, président-fondateur de la République turque, meurt à 57 ans d'une cirrhose du foie.

L'événement survient le 10 novembre 1938, à 9h05, à Istamboul. Toutes les horloges du palais de Dolmabahce où il est décédé sont encore arrêtées à cette heure... Et depuis cette date, tous les ans, à 9h05, les Turcs respectent une minute de silence en signe d'hommage au Ghazi qui a sauvé leur identité nationale. La circulation s'arrête cependant que résonnent dans le port d'Istamboul les sirènes des bateaux.

La Turquie, il est vrai, lui doit beaucoup. Menacée de dépeçage suite à sa défaite dans la Grande Guerre de 1914-1918, lorsqu'elle s'appelait encore empire ottoman, elle fut sauvée par cet homme d'exception que fut Moustafa Kémal (Mustapha Kemal en anglais).

Ses concitoyens l'appellent volontiers Atatürk (le «Père des Turcs»).

Michel Dalan.
Mort d'un empire, naissance d'une nation

Né le 19 mai 1881 à Thessalonique (aujourd'hui en Grèce), dans une famille d'origine albanaise, Moustafa entre dans une école militaire et ne tarde pas à révéler ses talents. Il est surnommé «Kémal» (le Parfait !) par l'un de ses répétiteurs.

Moustafa Kémal (ou Kémal Ataturk)

Officier d'état-major dans l'armée du sultan, il se tient à l'écart de la révolution nationaliste des «Jeunes-Turcs», en 1908, considérant les velléités pantouranistes de leur chef Enver Pacha comme de dangereuses chimères (le pantouranisme prône l'union de tous les peuples turcophones de la Chine au Bosphore).

Pendant la Grande Guerre, il s'illustre en 1915 dans la contre-offensive germano-turque qui fait échouer un débarquement franco-anglais dans le détroit des Dardanelles, près d'Istamboul, capitale de l'empire ottoman.

Sa victoire d'Anafarta, en août 1915, lui vaut la gloire mais aussi une mise à l'écart par les «Jeunes-Turcs» qui craignent pour leur pouvoir.

Peu après l'armistice de Moudros du 30 octobre 1918, Moustafa Kémal entre en dissidence et organise la résistance pour prévenir le démembrement de la Turquie programmé par le traité de Sèvres.

Il puise son inspiration dans l'action de Lénine, qu'il admire comme Mussolini, un autre nationaliste farouche qui eut à coeur de laver les affronts subis par son peuple à la fin de la Grande Guerre.

D'une énergie peu commune, noceur, grand buveur, indifférent à la religion et notoirement athée, ce stratège de talent se montre très vite animé par l'ambition de bâtir une nation turque foncièrement homogène sur les ruines de l'empire multiculturel ottoman.

Sa victoire décisive sur les envahisseurs grecs en 1921 lui vaut de recevoir de la nouvelle Assemblée nationale le titre de «Ghazi» (le Victorieux).

Après le traité de Lausanne qui redessine les frontières de la Turquie, Moustafa Kémal se consacre à la transformation de son pays en une nation moderne. Il ne craint pas d'abolir le califat, symbole de l'universalisme musulman.

Il installe la capitale à Ankara, au coeur de l'Anatolie, inscrit la laïcité dans la Constitution, supprime par voie d'autorité tous les symboles du passé ottoman, multiculturel et islamique... et développe une idéologie ultranationaliste fondée sur la race. -

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