Sages-femmes : Vocation …ou vacation

L’œil mauvais et la moue agacée de celle qui conçoit son travail quotidien comme une corvée, la sage-femme de garde à la maternité du chu de Treichville (cette nuit-là) n’est pas contente. Alors, pas du tout d’être dérangée alors qu’elle s’accordait un petit somme. Peut-être suite à des galipettes dont personne n’ignore la pratique en ces lieux, entre collègues. Aussi, c’est tout juste si elle ne rabroue pas la pauvre patiente, pour n’être pas arrivée un peu plus tôt dans la soirée. Cela lui aurait ainsi permis d’évacuer ce cas assez rapidement et personne ne l’aurait dérangée dans son sommeil jusqu’au petit matin. De très mauvaise grâce, la sage-femme peut-être pas tout à fait au fait de la sagesse, s’exécutera. Mais avec des mots qui ont du mal à trouver une place entre l’indécence et le dégoût. Comme si quelqu’un l’avait forcée à choisir cette profession. Il est vrai qu’il y a belle lurette que la vocation a déserté le cœur de nombre de personnes qui débarquent dans la Santé. Leur seul souci étant de pouvoir de faire du CFA pour survivre dans un monde où la crise n’arrête pas de grimper les étages quand l’inflation ne cesse d’être en hausse constante comme une fièvre carabinée.

Mais de grâce, qu’ont-elles donc fait ces femmes qui selon une loi physiologique tombent enceintes ? Leur seul tort aura peut-être été de ne pas avoir eu la présence d’esprit de téléphoner à la sage-femme pour prendre rendez-vous et lui indiquer ainsi le jour et l’heure à laquelle elles accoucheront. Afin de ne plus interrompre ces petits moments de repos que s’offrent les sages-femmes. Du moins, certaines d’entre elles qui ne le seraient pas vraiment pas du tout.

En effet, comment comprendre qu’après avoir traîné leurs guêtres à la recherche d’un emploi, l’on a l’impression que l’ardeur au travail et l’enthousiasme des débuts diminuent dès les premiers salaires. Une fois que ces femmes ont eu gain de cause. Avec quelques fois des réflexions du genre :”même si je ne fais rien, à la fin (ndlr du mois), j’aurai mon argent“. Mais, attention !!! Le serment d’Hippocrate vous fait obligation de vous mettre au service des malades en tout temps et en tous lieux. Aussi, faire semblant d’avoir la vocation ou de soigner les patients malgré le peu de respect qu’on éprouve pour sa profession où l’on a atterri parce que les projets qu’on ambitionnait de réussir n’ont pas abouti, c’est se trahir soi-même.

Prochainement, au moment de naître, signez un contrat avec Dieu pour travailler où vous vous sentirez plus à l’aise. N’est-ce pas ?