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La fin de la crise en Côte d’Ivoire passe par une nécessaire catharsis. Et cette catharsis passe par l’épurement de tous les contentieux judiciaires. La machine est en marche à ce niveau. Entre autres, des enquêtes ont déjà été menées, certaines sont en cours ou attendues et des poursuites pour crimes de sang, économiques, etc., ont été diligentées récemment contre une quinzaine de dignitaires du régime déchu. L’annonce de ces poursuites contre des dignitaires du régime Gbagbo intervient au moment où des experts de la Cour pénale internationale s’apprêtent à déposer leurs valises dans le pays pour faire leur part de travail au plan judiciaire. En inculpant ces détenus, le nouvel exécutif ivoirien met le pied à l’étrier du droit.

Il donne un caractère légal aux détentions sans bases légales qui avaient cours. En cela, il faut saluer à sa juste valeur l’action des ONG de défense des droits de l’Homme, notamment Amnesty international. Ces organisations ont, quelque part, en dénonçant ces détentions illégales, poussé les nouvelles autorités ivoiriennes à inscrire leurs actions dans la légalité, chose importante dans un Etat de droit digne de ce nom.

Il est heureux également que ces autorités se soient inscrites dans cette logique. Pour l’apaisement des cœurs et la réconciliation, il importe que la justice puisse agir de façon indépendante, qu’on ait des procès équitables, rondement menés pour permettre aux Ivoiriens qui en auront vu de toutes les couleurs avec cette crise qui a secoué le pays, au propre comme au figuré, de trouver des réponses à leurs questionnements légitimes. C’est à ce prix qu’ils pourront se résoudre à faire vraiment la paix, à réinventer le « vivre ensemble » dans l’acceptation mutuelle et la concorde. Les crimes de tous ordres ne sauraient raisonnablement être passés par pertes et profits si on veut vraiment que le pays se réconcilie avec lui-même.

Les procès qui doivent être menés ont une valeur pédagogique en ce sens qu’ils devraient servir de leçon aux Ivoiriens, auteurs des crimes de toutes sortes que le pays a subis, mais aussi à toute l’Afrique, voire au monde entier. Au regard de l’importance du défi, il n’est pas superflu de dire toute la nécessité pour le régime Ouattara, mais surtout pour la justice ivoirienne, de ne pas se laisser distraire par certaines demandes dont celles de libérations potentiellement dangereuses pour la paix et pour l’image de la démocratie en Côte d’Ivoire, mais aussi de ne pas se laisser emporter par la passion. Ainsi, cette justice, pour autant qu’elle soit nécessaire, ne saurait atteindre son objectif que si elle est complète.

C’est déjà bien de sanctionner toutes les exactions et les manquements graves qui ont suivi l’élection présidentielle de novembre 2010. Mais, il serait contreproductif d’enterrer le cadavre tout en laissant ces pieds dehors comme le dit en substance une sagesse de chez nous. Le devoir de justice doit s’étendre à toute la durée de cette crise ivoirienne. Pour cela, on ne saurait raisonnablement faire table rase de la période allant de 2002 à l’élection présidentielle. La crise post-électorale, sans qu’on puisse nier sa gravité, n’est donc qu’un pan de toute cette crise, pour laquelle il faut vraiment que des gens rendent comptent.

Les Ivoiriens ont besoin de prendre un nouveau départ. Et pour cela, il faut solder les comptes, et tous les comptes, sans exception aucune. Que ce soit par la Cour pénale internationale ou par la justice ivoirienne, il faut que la lumière et toute la lumière soit faite sur toutes les exactions et que toutes les personnes accusées, à tort ou à raison, puissent être jugées de façon impartiale, équitable, sans passion. C’est peut-être difficile au regard de ce que cela implique, même dans les rangs des tenants actuels du pouvoir en Eburnie. Mais c’est aussi et surtout cela la justice au sens noble du terme. Et le régime Ouattara doit s’y employer.

Cela évitera que les procès à venir prennent l’allure, voire la substance, d’une « justice des vainqueurs ». A défaut, il ne fera pas vraiment justice aux populations ivoiriennes dans leur entièreté. Et ce faisant, il poserait les fondements d’autres catastrophes plus ou moins lointaines et dont la Côte d’Ivoire n’a vraiment pas besoin.

 

Tag(s) : #Politique
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