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Affaire Thierry Atangana, ses soutiens s'organisent en France

Par Ingrid Alice Ngounou d'Halluin - 06/08/2012
Une conférence de presse aura lieu le 07 août à Paris. J. Rémy Ngono, organisateur, évoque les contours de cette rencontre et les conditions de détention du prévenu. Interview

 

Monsieur Rémy Ngono, vous organisez une conférence de presse le 07 août au sujet de la situation de Michel Thierry Atangana, aujourd’hui emprisonné au Cameroun. C’est quoi l’objectif de votre démarche?
L'objectif est de relayer ici à Paris les cris de détresse de Michel Thierry Atangana, citoyen français incarcéré comme une bestiole immonde dans un sous-sol au Cameroun depuis plus de 15ans. En dehors de la chaîne de TV LCI, du Parisien et quelques petits fragments de commentaires dans la presse, la torture que subit Michel Thierry Atangana échappe aux trompettes de la presse française. L'affaire des infirmières bulgares détenues en Libye a déclenché la machine médiatique et diplomatique française. Mon devoir, comme le recommande l'évangile, est d'assister les victimes et de dénoncer les bourreaux.
 
Monsieur Atangana a une nationalité française. Avez – vous approché les autorités françaises?
Du haut de ses talons de Rambo, Sarkozy n'a pas eu besoin de respecter la justice tchadienne pour obtenir la libération des français collectionneurs de bébés au Tchad. Mais depuis que Me Barousse et la famille demandent la libération ou le transfèrement de Thierry Atangana, ça ne débouche sur rien. Les gouvernements successifs servent les mêmes sermons sirupeux: "Michel Thierry Atangana est Franco-camerounais... Le droit international proscrit toute ingérence dans le fonctionnement d'un état étranger." Or le Cameroun qui n'admet pas le principe de double nationalité, détient Atangana comme un prototype d'otage français. Justement, les rapports sur les droits de l'Homme du département d’État américain lui ont reconnu le statut de prisonnier politique. Thierry Atangana est tombé dans les chausse-trappes d'un souverain totalitaire d'une inhumanité foncière, Paul Biya. La France a l'impérieux devoir de demander la libération de son concitoyen qui est séquestré dans une cage équatoriale.
 

 


J. Rémy Ngono, organisateur de la conférence de presse

Ses défenseurs parlent de 10 ans sans assistance consulaire. Pourquoi à votre avis cette indifférence de la France dans cette affaire?
Arrêté le 12 mai 1997, Thierry Atangana n'a reçu sa première visite consulaire qu'en 2010, une seule en 2011. Pourtant quand il arrive au Cameroun, il est bien Français et expert financier. Lorsque le président Biya le nomme à la tête du comité de pilotage et du suivi des axes routiers, il met sur pied un plan de financement à hauteur de 510 millions d'euros. Il veille sur les intérêts des groupes français tels la Société Des Grands Travaux de Marseille, l'entreprise Dumez, la société ETPC, la société TRT, etc. L’État du Cameroun doit à ces sociétés 167 496 480 156 FCFA. On comprend finalement les stupéfiants changement de pied des autorités camerounaises qui, dans l'incapacité de payer leurs dettes himalayennes aux sociétés françaises et dédommager Thierry Atangana, préfèrent l'embourber dans des procès marécageux et malicieux.

Vous indiquez que Michel Thierry Atangana encourt de nouvelles poursuites, qu’est-ce qu’on lui reproche aujourd’hui?
Thierry Atangana est sous les rafales d'une tempête qui n'aurait pas de fin. On est réduit à nous ressasser les mêmes motifs pour lesquels il a été condamné en 1997: détournement de deniers publics, tentative de détournement et trafic d'influence en coaction. Depuis le mois de mai dernier, il a fini de purger les 15 ans de prison, se pliant de bonne grâce à la décision impitoyable d'une justice caricaturale. Le 23 octobre 2008, une ordonnance de non-lieu total a été rendue sur toutes les charges qui pesaient contre lui. Lors de l'audience du 18 juillet 2012, la présidente de la collégialité, madame Etong, avait déjà la décision d'acquittement dans sa chemise. Et c'est à ce moment précis que le régime a décidé de passer la corde au cou de cette collégialité en affectant un des juges dans une espèce de morgue. L'autre juge qui n'a pas voulu exécuter les ordres du porte-flingue du gouvernement est aussi passé à la trappe. Ce déni de droit poussé jusqu'à l'incandescence vient d’être condamné par tous les sept pays du réseau des défenseurs des droits humains en Afrique Centrale.

On a récemment appris que le fils de l’accusé avait demandé la libération de son père. Comment est-ce que sa famille vit cette situation depuis toutes ces années?
Thierry Atangana a été incarcéré quand son fils Éric n'avait que 5 ans. Maintenant il a 21 ans. La question que je pose à Paul Biya est de savoir s'il peut se séparer de son fils pendant 15 ans? La mère de Thierry Atangana et sa sœur sont décédées. Pourquoi lui refuser d'aller leur rendre un dernier hommage de dix minutes? Le régime a fait partir son mariage en clash. Sa famille s'est fondue comme un sac de glace. On a éventré ses contrats et bloqué ses comptes pour le rendre en état de clochardisation mentale. On veut le tuer. Comme le disait Albert Camus:"Il y a toujours des raisons au meurtre d'un homme."

Avez-vous, dans le cadre de ce comité de soutien, d'autres initiatives en vue?
Le Comité de soutien va tourner en France en plein régime et demander les audiences au gouvernement. Il faut tout faire pour interdire de séjour en France le dictateur camerounais qui ne respecte ni la justice, ni les droits de l'homme. Une plainte a déjà été déposée en France pour séquestration; une autre à Génève. La pierre de Dieu écrase lentement.

Pouvez-vous nous un mot sur ses conditions de détention?
C'est l'horreur absolue. Il est détenu dans un sous-sol qui a tout d'un nid de rapace de haut vol: lumière sombre, température qui refroidit le sang, murs moisis, superficie de 8 mètres carrés. Soumis à un isolement de treize heures par jour, il est gardé par cinq gendarmes équipés d'armes de guerre; Il n'a droit ni à la corvée, ni au contrôle judiciaire. Les activités éducatives et sportives lui sont proscrites. Dans cette souricière à l'air raréfié, il a déjà passé 15 ans et 2 mois de détention préventive, alors que la loi stipule que le mandat de dépôt ne doit excéder 3ans. La garde à vue a atteint le record de 52 jours. L'instruction préventive a duré 11 ans et on risque de tout recommencer. Embourbé dans ses propres turpitudes, l’État a bafoué tout le code de procédure pénale et doit dédommager Michel Thierry Atangana pour avoir bafoué sa dignité; car Joseph Proudhon disait:"La justice est le respect de la dignité humaine".

Tag(s) : #Interview
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