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Montage de photographies de Raúl Corrales. |
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Pour les vedettes de la musique cubaine la vie devient plus difficile. L'heure de l'exil commence : les musiciens de la "SONORA MATANCERA" avec Celia CRUZ , José FAJARDO, Olga GUILLOT, Belisario LÓPEZ, Germán LEBATARD, Rolando LASERIE, "Bobby" COLLAZO, Julio GUTIÉRREZ sont parmi les premiers à partir bientôt suivis par d'autres noms, Servando DÍAZ, Orlando GUERRA, Bienvenido GRANDA, "Bebo" VALDÉS… Mais le vivier cubain est riche et de nouveaux noms apparaissent aux côtés de ceux qui restent dans l'île, principalement les valeurs sures de la Canción et du Feeling, dont les idéaux sont proches des conceptions des révolutionnaires et qui peuvent plus facilement s'exprimer au début de la décennie. Parmi les nouveaux noms figurent ceux qui vont, aux côtés de Pablo MILANÉS, constituer dans la seconde moitié de la décennie, le mouvement de la Nueva Trova, Silvio RODRÍGUEZ, Amaury PÉREZ… |
Mais on constate chez les jeunes Cubains, à partir de la disparition de Benny, un très net désintérêt pour les formes traditionnelles de la musique cubaine qui vont alors perdre vigueur et évoluer sur le sol de l'ennemi déclaré. Ces années soixante sont aussi marquées par des données et des comportements contradictoires. | |
Les groupes cubains de Rock nés dès la fin des années cinquante, bien qu'en général non-professionnels, sont relativement nombreux et se font entendre, "HOT ROCKERS", "Los JAGUARS", "Los VAMPIROS", "Los REYES", "5U4", "Los BARBA", "ALMA VERTIGINOSA"… Les cuartetos vocaux empruntent une voie tracée par "The Platters" particulièrement nette chez "Los ZAFIROS" ainsi que dans des formations telles que le " Cuarteto Meme SOLÍS", le duo "VOCES LATINAS" |
Venus d'Europe de l'Est, les instruments électriques et principalement la guitare et la basse font leur apparition dans la musique populaire. La charanga de Elio REVÉ venue de Guantánamo est une des premières à introduire une basse électrique. Les claviers vont eux-aussi être utilisés de plus en plus fréquemment. Les jazzmen en seront les plus friands. |
Alors que la situation est compliquée pour les vedettes cubaines, la Révolution apporte pourtant aux autres acteurs de la musique populaire cubaine et aux musiciens de province une nette amélioration des conditions de travail et une meilleure reconnaissance. |
Santiago de Cuba. La Casa de la Trova. Photographie: Olivier Betout, extraite de "Cuba et la Musique cubaine" Ed. du Chêne, Paris 1999. | |
Enfin on essaie de sauver des répertoires populaires en aidant la formation de groupes destinés à leur interprétation. Un exemple particulièrement réussi à Santiago est le "CUARTETO ORIENTE " dirigé par l'un des plus anciens trovadores, Daniel CASTILLO. Le Changüi de Guantánamo survivra en partie grâce à ces groupes. Des Festivals, destinés eux-aussi à revaloriser les musiques populaires, fleurissent dans les régions. Festival de Música Cubana à La Havane en 1963, Festival de la Trova à Santiago de Cuba en 1964, Festival de la Canción Internacional à Varadero en 1965, Forum de la Trova Cubana en 1966, Festival de la Canción Protesta en 1967, Festival Nacional Campesino de Manicaragua en 1971. Le Festival des Aficionados a lieu dans toutes les provinces depuis 1964 avec une rencontre finale à La Havane. D'une manière générale ces événements ne sont pas sans lendemain et certains sont toujours vivants ou ont eu des successeurs. Ces événements, ces évolutions, ces contradictions vont donner une personnalité nouvelle à la musique populaire cubaine des années soixante et soixante-dix ... |