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Un ex-directeur de campagne de Gbagbo :

« Il reste à Gbagbo de choisir entre le paradis paisible d'un ancien chef d'Etat ou l'enfer d'un ancien dictateur déchu par la force »

La vérité est difficile à étouffer. Les Ivoiriens doivent être courageux pour dire la vérité maintenant. La Côte d'Ivoire se trouve depuis le 24 décembre 1999 prise dans un tourbillon politico-militaire imprévisible et sans précédent. Selon les intérêts ou tout simplement les profits de chacun, il se réjouit des tournures prises par les événements dans l'évolution de cette situation. Cette façon d'apprécier les choses a installé la mauvaise foi comme moyen de communication par excellence entre les Ivoiriens. Ne dit-on pas que la mauvaise foi est la chose la mieux partagée au monde ! Pour bon nombre d'Ivoiriens, sans la vérité, aucune paix n'est possible. C'est pourquoi, nous donnons notre point de vue sur la crise actuelle en trois points : Origine lointaine, Origine récente, Recommandations

 

Origine lointaine

Depuis 1999, une coalition politico-militaire a fait partir le Président Démocratiquement élu du pouvoir à seulement 1 an des échéances électorales de 2000. Quelle impatience suicidaire pour la République! Cette forfaiture ne fut condamnée dans l'opposition. Quel curieux peuple ! Ainsi, de frustrations en frustrations, les acteurs du putsch ont revue leurs objectifs à la hausse en organisant une rébellion armée qui divise actuellement la Côte d'Ivoire en deux. Comment en est on arrivé-là ? Les maîtres de la scène politique ivoirienne (putschiste et FPI coalisés) ont réussi à tourner la démocratie en dérision là où le peuple attendait la mise en œuvre concrète de leurs discours politiques mielleux en organisant des élections libres transparentes et ouvertes à tous pour corriger les erreurs passées. Deux poids lourds de la politique ivoirienne furent écartés (Bédié et Ouattara). Même les candidatures de substitution à Bédié au PDCI ont tous été éliminées par l'Institution Juridique Suprême aux ordres des autorités d'alors au grand dam du peuple meurtri. On a utilisé abusivement et subtilement les institutions de la République pour empêcher que le PDCI ne revienne au pouvoir. Et ca, tous les Ivoiriens le savent. Même dans la pratique démocratique et spécifiquement en Afrique, les actes antidémocratiques ont la peau dure. Comme si nos institutions devraient servir d'autres intérêts que ceux du peuple ivoirien. Nous pouvons au moins nous mettre d'accord que dans le cadre de la promotion de la démocratie dans nos Etats africains, aucune décision même juridique ne peut être au-dessus de la volonté populaire. En d'autres termes, une institution démocratique ne tire sa légitimité que de la volonté du peuple qui détient le pouvoir en dernier recours. Evidemment, les résultats d'une telle élection ne peuvent en aucun cas traduire les aspirations légitimes du peuple. Comme il fallait s'y attendre, la légitimité du Président « élu démocratiquement de façon calamiteuse » a été de tout temps contestée et à juste titre. Le premier tour des élections de 2010 devrait finir de convaincre les plus sceptiques, avec ses résultats, là ou l'électorat ivoirien a été pratiquement divisé en trois entre (Bédié, Ouattara et Gbagbo) qui confirment ainsi chacun leur titre de « poids lourd de la politique » ivoirienne.

 

Origine récente

De tout ce qui précède, pendant 10 ans, Gbagbo a eu le temps d'asseoir une légitimité populaire. En d'autres termes, il avait l'occasion de démontrer à ses détracteurs qu'il a la légitimité populaire nécessaire qui fait de lui depuis 2000, un Président légitime (différent de légal) des Ivoiriens. Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle de 2010 nous démontrent le contraire. La majorité des Ivoiriens sont restés attachés à leurs leaders d'avant 1999. C'est la preuve que rien n'a véritablement changé depuis 2000. Gbagbo a toujours été un Président légal d'une légalité opposée à la légitimité populaire. C'est cela la réalité. La seule question qui se pose aux Ivoiriens aujourd'hui, doit-on sacrifier la légitimité populaire sur l'autel de la légalité constitutionnelle dévoyée ? En fait, l'élection de 2010 a vu deux camps s'affronter, LMP et RHDP. Les autres candidats n'ont été que des troubles fêtes. Un fait important. Tout ivoirien honnête reconnaît que la majorité des votes s'opèrent à plus de 80% sur des bases affectives qu'objectives. Ce qui est dommage pour la promotion de la démocratie. Mais, c'est un fait à ne pas ignorer, si l'on veut être objectif dans l'analyse de la situation ivoirienne. Cette situation fait que l'appel d'un candidat est forcément respecté à plus de 75%. C'est ça aussi la vérité ! L'appel de Bédié à ses sympathisants est indéniablement un véritable coup de massue à « l'ennemi commun », Laurent Gbagbo. Des deux camps présentés plus haut, qui a gagné les élections ? Au premier tour, la réponse est sans appel. C'est la coalition RHDP avec plus de 60% des voix cumulées. En plus, cette situation vient démontrer de façon plausible qu'aucun des trois poids lourds ne peut seul gagner les élections en Côte d'Ivoire. C'est une autre réalité à ne pas négliger pour celui qui veut faire une analyse objective. Une autre question que tout Ivoirien peut se poser est : entre le premier et le second tour, quel fait majeur pouvait faire changer radicalement l'électorat de Bédié en faveur de Gbagbo ou de Ouattara ? Ce n'est un secret pour personne, Ouattara a toujours remporté les élections au Nord de la Côte d'Ivoire, Bédié au Centre et à l'Est, Gbagbo à l'Ouest et au Sud. Le record Guiness de Ouattara au Nord du pays ne peut pas surprendre un Ivoirien honnête. Oui, c'est dommage ! Mais c'est un constat et c'est vrai. De plus, c'est une utopique politique de mépriser Bédié et de croire qu'on pourraît s'octroyer tout son électorat sans son avis. Même si on a pu constater que des Ivoiriens ont à moment donné, nourri le secret espoir de voir une coalition Gbagbo-Bédié qui aurait à coup sûr sonné le glas à Ouattara. Gbagbo a préféré s'entourer d'une multitude de partis sans audiences nationales avec le Congrès Nationale de la Résistance Démocratique (CNRD) comme réponse à la mise en place de la grande machine politique du RHDP. En fait, le FPI a toujours été isolé sur la scène politique nationale par Gbagbo qui a toujours ouvré à la disparition du PDCI et qui entre temps, devenu « un boulanger » n'inspire plus confiance à personne, si ce n'est ceux qu'il entretient et qui le soutiennent dans sa « dictature démocratique ». Une minorité avait pour stratégie politique d'étouffer la majorité des Ivoiriens par tous les moyens. La vérité, c'est que la coalition RHDP n'a pas du tout laissé une marge de manœuvre à Gbagbo pour sa réélection. Il ne pouvait que rechercher une autre solution et la meilleure ne peut être que du côté de la légalité institutionnelle qu'il a toujours su maîtriser depuis le tripatouillage juridique qui a précédé les élections de 2000. La force de la loi n'est pas du côté des institutions qui ne sont que délégataires mais inévitablement du côté du peuple détenteur exclusif de tout pouvoir lié à la souveraineté nationale si défendue. Après le second tour des élections de 2010, nous avons deux résultats discordants.   Quel est le candidat qui a été choisi par les Ivoiriens a l'issue du vote ? La vérité, c'est que les pratiques de 2000 ont refait surface sous une autre forme. Et pour cause ; en 2000, la Cour Suprême (Institution Juridique Suprême) dirigé par M. TIA Koné, l'oncle de GUEI Robert alors Chef de l'Etat, a éliminé des candidats pour que Gbagbo soit élu dans les conditions qu'on sait et que lui-même dans sa lucidité intellectuelle qualifie de calamiteuse... On se rappelle que le nom de Boulanger a été donné à Gbagbo par son complice de 2000, GUEI Robert quand celui-ci n'a pas respecté le « deal des frères de l'Ouest ». C’est-à-dire 5 premières années à GUEI et 5 années suivantes à Gbagbo. · En 2010, le « chef bandit » remet le couvert par son ami soigneusement positionné. Le Conseil Constitutionnel (Institution Juridique Suprême) élimine des votes d'une grande partie du territoire national pour que Gbagbo soit réélu. Quelles similitudes troublantes ! Dans tous les cas, l'expression de la volonté populaire est détournée chaque fois et cela ne profite toujours qu'à une seule personne : Gbagbo. Pourquoi ? On n'a plus besoin de se poser la question à qui profite le crime ? Alors ressaisissons-nous. La démocratie ne peut être à ce point impunément tournée en dérision par un seul individu qui de surcroît revendique la qualité de parrain de la démocratie ivoirienne. Tout le monde le sait. Dans une démocratie, les institutions n'ont de pouvoir que par délégation. Le peuple étant détenteur exclusif de tout pouvoir. Alors, toute décision qui est prise contre la volonté de la majorité du peuple, n'est pas une décision démocratique. Aucune institution ne peut se substituer au peuple encre moins lui en imposer. De la même façon qu'au football, un arbitre n'est pas un joueur. Dans le domaine juridique, le juge ne peut se constituer partie prenante à un conflit. De la même façon, le Conseil Constitutionnel n'est pas un Grand électeur. Il ne peut donc pas se substituer au peuple pour élire de son propre chef, un Président. Il aurait fallu prendre ce raccourci en économisant les centaines de milliards engloutis dans la préparation de ces élections qu'on qualifie de plus chères au monde ! A cet effet, il suffit de voir comment des intellectuels de haut niveau s'évertuent à défendre la mauvaise décision d'une personne physique, Paul Yao NDRE, selon leurs émotions. La peur de perdre les avantages liés à leur position les rend aveugles. En effet, Yao N’DRE se cache derrière une personne morale (la Présidence du Conseil Constitutionnel qu'il incarne mal. Il démontre clairement qu'il ne suffit pas d'être intelligent pour être un exemple. Il est dans la nature de l'homme de mettre son intelligence au service du mal. Dommage qu'un voleur devenu Policier ne peut que continuer à « voler légalement » cette fois ! Après la mort du Président HOUPHOUET-BOIGNY, tous les Ivoiriens ont compris, pour de bon, que c'est une incongruité de croire que le destin de leur pays peut être lié au destin d'un individu fut-il, le plus courageux des hommes sur terre. De même, aucun Ivoirien n'a le monopole de l'amour pour la patrie. Il n'y pas qu'un seul Ivoirien pour développer ce pays. Gbagbo nous conseillait à juste titre qu'il faut éviter le culte de la personnalité. Il n'est pas lui-même une exception à cette règle. Chaque fois que Gbagbo dit une bonne chose dans une rhétorique qui séduit forcément, c'est avec une grande déception que curieusement on le surprend toujours en train de faire le contraire de ce qu'il a conseillé ! Quand il fait l'apologie de la démocratie, il pratique la dictature avec subtilité. Quand il dit je suis d'accord, c'est qu'il a refusé intelligemment. Quand il vous fait croire que vous avez bouclé la discussion, c'est qu'il y a une autre en cours pour gagner du temps. Quand il tend la carotte, le bâton n'est bâton n'est pas loin. Quand il dit j'ai été élu, c'est qu'il a perdu. Les exemples qui démontrent la dualité de Gbagbo sont nombreux.

 

RECOMMANDATIONS

 La solution définitive à la crise actuelle ne peut être autre chose que le respect de la volonté populaire. Toute spéculation juridique, politique ou émotionnelle restera sans effet positif. Pour s'en convaincre, il suffit de réaliser que malgré l'existence de notre Constitution que des comédiens disent défendre, on ne sait contre qui. Il nous a fallu signer une multitude d'accords politiques pour approcher de si près la paix. Comme quoi, nous sommes d'accord que la Constitution ne peut pas résoudre tous les problèmes. Ayant le courage de reconnaître que depuis 1999 plus personne ne respecte nos lois parce que, c'est à l'évidence impossible de les respecter et de sortir, dans le même temps, de l'impasse créée par le coup d'Etat de 1999. C'est ça la réalité ! Nous vivons dans une République d'exception depuis 1999. La nouvelle constitution de 2000 n'a pas pu régler nos problèmes. Nous ne pouvons pas continuer à refuser de voir la vérité. Ce n'est pas aujourd'hui que nous allons revendiquer notre souveraineté que nous avons librement acceptée de perdre, parce que nous étions presque tombés en 2002. A qui la faute si les tenants du pouvoir en 2002 n'ont pas été capables de mater la rébellion ? Gbagbo de retour d'Italie n'a-t-il pas dit qu'il répond à l'épée par l'épée. Quand on reconnaît qu'on n'a pas gagné une guerre, on n'a rien à imposer ni à revendiquer. C'est une autre vérité à prendre en compte dans l'analyse de la situation. Pourquoi Gbagbo, refuse au deuxième tour des résultats qu'il a acceptés au premier tour ? Rien n'a véritablement changé dans les scores réalisés par OUATTARA au Nord entre le premier et le second tour. La seule alternative au départ de Gbagbo c'est la reprise des élections dans les zones annulées par le Conseil Constitutionnel. Une dernière vérité que tout Ivoirien sait, c'est qu'une reprise des élections dans le Nord, même 100 fois, ne sauvera pas GBAGBO. Il n'y a pas une autre alternative. On peut décider de perdre le temps qu'on veut perdre mais la messe est dite ! Il reste à Gbagbo de choisir entre le Paradis paisible d'un ancien Chef d'Etat et tôt ou tard, l'Enfer d'un ancien dictateur déchu par la force.

Un ancien Directeur de Campagne de Gbagbo

Source: Lebanco.net

Tag(s) : #Politique
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