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« Mêmes les morts ne peuvent reposer en paix dans un pays opprimé ». Fidèle CASTRO (Extrait du Message au peuple souffrant de Cuba.) Le grondement de la désolation vous a plongé dans un sombre silence. Nul ne perçoit vos regards hagards et nul n’entend vos gémissements. Elle est torride cette souffrance à vous infligé par une tyrannie en verve. J’ai pu percer votre silence et dans ce silence, je vous salue. Vous mes frères et sœurs indignés, vous qui avez regagné vos ménages parce que remerciés prématurément par le système, je sens battre vos cœurs à l’approche de demain. Demain est en route avec son cortège de dilemmes aux dents acérées. Il vient sans considération de votre nouveau statut, il vient vous traquer. Il vous traquera au point de vous arracher des rivières de larmes. Surtout ne le culpabilisez pas parce qu’il n’a ni cœur, ni raison, ni jugement. Marquez un pas et secouez votre silence qui vous dira que vous avez été licenciés, déflatés, déclarés techniquement au chômage par l’une des rares solutions de l’Afrique. A la pelle, elle vous a offert à la rue. J’ignore votre nombre tout simplement parce que ma calculette a du mal à vous enregistrer, 100, 1000, 2000,….000 000, je l’ignore. Je sais que vous venez de nombreuses entreprises qui en temps de guerre, parvenaient à rémunérer vos services. Vous êtes monsieur tout le monde, et vous mourrez comme ça parce que vous n’avez plus rien. Pendant que vous les salariés je vous salue dans le silence, la sombre solution susurre de plaisir dans le silence.  Silence de mort, la mort ne vous prendra pas car vous avez été utiles à votre pays c‘est votre seul tord. L’âme des êtres forts nie la mort ! Vous les syndicats, vous les travailleurs, vous les fonctionnaires, les « en bas de en bas » torturés par des situations non enviables. Vous à qui il a été demandé d’attendre l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte. Vous qui avez serré vos ceintures pendant que les « en haut de en haut », la bedaine au vent, portait des bretelles, je sais que vous allez encore pleurer parce que ce Ppte n’éteindra pas votre misère, vous tous, je vous salue dans le silence. Je lis dans vos regards, le désarroi, la déception. Je vois votre 1er Mai devenir un autre 11 Avril 2011, je partage votre peur du lendemain.
 Vide est l’horizon, noir est le soleil qui se lève, sombre est la rentrée scolaire qui arrachera de vos poches le peu qui vous reste. Chers semblables, mon cœur saigne de savoir que le Ppte ne résoudra rien et vos livres blancs, vous reviendront noirs. C’est pourquoi, je retiens mes larmes et je vous salue dans le silence. 
Silence de mort, la mort ne vous prendra pas car vous avez été utiles à votre pays c‘est votre seul tord. L’âme des êtres forts nie la mort !
Vous les citoyens soumis à la torture, aux enlèvements, aux exactions, aux détentions arbitraires. Vous qui payez de votre vie votre opposition au régime, au système opaque en place. Vous qui êtes visés par les complots, vous qui êtes diffamés, offerts aux appétits gloutons des vautours qui n’attendent que vos corps pour garnir leurs estomacs. Vous qui êtes recherchés par des colombos, des chasseurs de primes, des tueurs à gage. Chers amis miens, je ressens la peur qui vous a plongé dans le silence. Et le menton entre les mains, la tête orientée vers la droite, je vous salue dans le silence. 
On dit de vous que vous voulez effacer la terre, celle de vos aïeux. Certains ont consulté leur djinns (1) afin d’avoir votre peau par tous les moyens. Ils veulent ainsi rallonger leur palmarès macabre. Mais vous ne tomberez pas, vous ne mourrez pas car vous avez semé la bonne graine. La bonne graine revitalise et ouvre des jours nouveaux. Vous qui êtes entre leurs fers, quelque part là bas à l’abri des regards de vos parents, vous ne mourrez pas. 
Silence de mort, la mort ne vous prendra, l’âme des êtres forts nie la mort !
Vous les étudiants, vous mes camarades, vous la génération hautement sacrifiée, 
Je vous salue dans le silence.
J’entends le bruit silencieux qui se bat en vous, votre ruine interne est similaire à celle des cités universitaires, des amphithéâtres, des bibliothèques, des salles de travaux dirigés livrés aux délires de petits gens, des « i ka kin nin » (2) analphabètes jusqu’à la moelle épinière. Privés de tout, lorsque vous retournerez dans ces résidences, vous constaterez qu’en plus d’avoir été souillées, elles ont été privatisées.
Votre temple est profané par des semences gorgées de sang, de vos sangs, du sang des sans voix, du sang des innocents. Le sang de vos parchemins gît encore à la présidence de l’université déportée à l’extrême nord du pays et accusée de génocide. 
Condamnés dans cette douleur indicible, je baisse la tête en signe d’honneur et je vous salue dans le silence.
Silence de mort, la mort ne vous prendra pas car vous êtes le futur de votre pays, ce pays que vous avez trop aimé. C‘est votre seul tord. L’âme des êtres forts nie la mort !
Vous mes frères et sœurs indignés, je m’adresse à vous les exilés. Mon cœur saigne de vous savoir loin de notre terre, habitacle de  votre cordon ombilical. Votre silence est si lourd que ma tête a du mal à s’incliner pour vous saluer dans le silence. Vous qui avez tout perdu dans votre folle course vers l’inconnu. Vous qui  avez perdu, emplois, biens, certains de vos parents et amis. Vous dont la sueur sur le chemin de l’exil devint un flot de sang. Vous dont les cris des siens vous donnèrent des frissons sans freiner votre élan vers l’étranger. Vous dont le menu morceau de pain qui vous coûte vous a été arraché par la loi du plus fort. Votre demain c’est chaque jour que vous le vivez car vous côtoyez quotidiennement l’arrestation arbitraire, la maladie, la mort. 
Je vous salue dans le silence.
Vos voix me parviennent dans un bruyant silence et vos espoirs déversent des cris patriotiques à mon oreille. Vous aimez votre patrie, vous voulez la regagner mais elle est politiquement malade. Le souvenir de cette patrie ne peut vous consoler, vous voulez fouler la terre de vos ancêtres. Je suis certains que vous viendrez, pas comme des voleurs, mais comme des héros. Vous viendrez par la porte et non par la fenêtre. Vous viendrez j’en suis certain. 
Dans cette attente, je vous salue dans le silence. 
Indignés ivoiriens blottis contre le silence de l’oubli. Il n’y à point de salut dans le silence. 
Que le silence vous vomisse et fasse de vous des voltigeurs. 
Ne permettez pas que la peur applaudisse les dictateurs et les lie d’amitié avec la terreur. 
Ecoutez la voix de David DIOP qui dans ce silence vous dit : « relève toi et crie : Non »
Silence de mort, la mort ne vous prendra pas car vous avez été utiles à votre pays c‘est votre seul tord. L’âme des êtres forts nie la mort !
Chacun est un indigné en puissance.
(1) : génie
(2)  : ça va ? en langue Malinké

 

 

 

Tag(s) : #Politique
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