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Le shah artisan des accords de Camp David
Le 17 septembre 1978, sont signés entre le président des Etats-Unis, Jimmy Carter, le chef de l'Etat égyptien, Anouar el-Sadate, et le Premier ministre d'Israël, Menahem Begin, les accords-cadres de Camp David. Ils prévoient un traité de paix israélo-égyptien et la restitution à l'Egypte du Sinaï. Bien peu de commentateurs font état des initiatives fécondes du shah d'Iran ayant nourri le processus de paix.
Le 24 juillet 1960, le shah annonce officiellement la reconnaissance de facto de l'Etat d'Israël (effective depuis 1949) ; le 26 juillet, les relations diplomatiques sont rompues avec l'Egypte et ne seront rétablies que le 28 septembre 1970, le jour de la mort de Nasser. Après le conflit israélo-arabe de 1967, Shah Pahlavi, s'élevant contre l'acquisition de territoires par la force, s'est toujours référé à la résolution 242 du Conseil de sécurité, émise le 22 novembre 1967 et stipulant le retrait par Israël de tous les territoires occupés lors de la Guerre des Six jours. Certes, il s'est toujours opposé à l'ouverture d'une représentation de l'OLP à Téhéran et a marqué sa préférence pour une solution jordano-cisjordanienne au problème palestinien. Le gouvernement iranien a salué l'accord du Sinaï, signé en 1975 entre Israël et l'Egypte, susceptible de permettre un dénouement pacifique des conflits du Moyen-Orient.
A cause de sa politique bienveillante à l'égard d'Israël, Shah Pahlavi s'entendait mal avec Nasser. L'inimitié se changea en relations privilégiées avec Sadate, son « frère musulman », avec lequel il partageait la même communauté d'intérêts et une vision identique de la crise du Moyen-Orient. S'agissant du conflit israélo-palestinien, le shah qui était tout le contraire d'un fanatique avait une vision pragmatique. Il souhaitait « une paix équilibrée » entre Arabes et Israéliens. Il avait compris que les Arabes devaient sortir de leur état d'humiliés permanents afin de retrouver l'honneur. (Houchang Nahavandi, Iran Le choc des ambitions, p. 454) Mais Yasser Arafat ne pardonnera jamais au shah d'avoir vendu du pétrole et de l'armement à Israël. Ce qui amena inéluctablement, avec l'accord tacite du Kremlin, l'OLP à soutenir les mouvements d'opposition inféodés à Khomeiny, fervent antisémite.
Lors de la guerre du Kippour d'octobre 1973, le shah ne participe pas à l'embargo décrété par les pays arabes, dissociant le commerce de la politique et inaugurant la vente aux enchères de son pétrole. Il refuse à Israël les Phantom afin de remplacer les appareils perdus, ne livrant que les pièces détachées. De l'autre côté, il autorise les avions de transport lourd de l'URSS, alliée du camp arabe, à franchir l'espace aérien iranien et il accorde une aide d'urgence d'un milliard de dollars à l'Egypte, ainsi que du pétrole. Cette aide substantielle servira à rendre le canal de Suez à la navigation et à reconstruire Port-Saïd. Ce demi-succès de l'Egypte va permettre au camp arabe de relever la tête. (Ibid.)
Même si le rôle du shah ne fut que ponctuel, il n'en fut pas moins décisif. Etant écouté aussi bien de Golda Meir que de Yitzhak Rabin, il contribua à tisser les liens qui allaient rapprocher Israël et l'Egypte. En juin 1975, Rabin rencontre secrètement Sadate à Téhéran : d'un côté, le shah veut convaincre l'ami égyptien de desserrer l'étau soviétique en faisant la paix avec Israël ; de l'autre, il entend persuader Rabin de la nécessité des concessions territoriales exigées par l'Egypte.
Ainsi, le shah avait pavé la voie qui devait mener aux accords de Camp David. L'Egypte ne devait jamais oublier l'aide conséquente rendue par M. R. Pahlavi durant la guerre du Kippour. Elle l'accueillit au cours de son exil, afin qu'il y mourût dignement, loin des crocs de ses ennemis. Quand le shah décéda au Caire, le 27 juillet 1980, après des funérailles nationales, il fut enseveli, en dépôt, à la mosquée el-Rifaï, le Saint-Denis égyptien.