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La communauté internationale serait-elle sur la voie de nous produire un second Zimbabwé ou Soudan ? C’est la question que les ivoiriens, dans leur grande majorité, se posent aujourd’hui.

En effet, depuis que Laurent Gbagbo s’est fait proclamer chef d’Etat par son ami Yao Paul N’DRE (qui n’en avait pas le droit selon notre code électoralede sortie de crise, en son article 64), les messages de protestation et de contestation ont afflué de partout le monde, de toutes les instances socioéconomiques et politiques. Avec des menaces de sanctions.C’est alors que ce jeudi 16 décembre, le premier ministre Guillaume SORO appelle à un sursaut national pour la reprise des médias gouvernementaux et leur restauration dans le professionnalisme. Ainsi, "le" BROU A méchant caractère devrait faire place "au" BROU Pascal. La suite, on la connaît : des dizaines de manifestants aux mains nues assassinés à balles réelles, certains, enlevés depuis leurs domiciles. Des charniers sont déjà annoncés par la presse.

Cela me rappelle, quoiqu’àun degré moindre, la répression de la marche de protestation des femmes contre la cherté de la vie et de celle des victimes des déchets toxiques déversés à des fins purement cupides par les dirigeants sortants, sur le territoire nationale. Le "démocrate", "fils des élections" au pouvoir, plus personnes ne marchera et rentrera tranquillement à la maison comme jadis, dans les années 90.

Alors que le Docteur Alassane Ouattara réussit le pari de réunir toute la communauté internationale sans exclusive autour de sa victoire, l’on s’interroge sur les moyens réels de pression de l’ONU, l’UE, l’UA et la CEDEAO. Le week-end dernier, les ivoiriens avaient enfin espéré un dénouement lorsque les chefs d’Etat américains et français avaient donné un ultimatum ferme à Laurent Gbagbo. En lieu et place d’une décision spectaculaire, c’est une interdiction de visas sur l’Europe, « une tempête dans un verre d’eau », comme s’en moque un proche de Gbagbo. Combien de fois le couple Gbagbo a-t-il mis pieds en Europe depuis le déclanchement de la crise en 2002 ? Des mesures similaires n’ont-elles pas été prises contre Robert Mugabé du Zimbabwé ? Omar El Béchir au soudan est sanctionné d’un mandat d’arrêt international. Qu’est-ce que cela a changé dans le quotidien des soudanais ?Il voyage quand il veut. La communauté internationale ne joue-t-elle pas sa crédibilité ainsi ?

Je me fais une fiction de l’échec de la communauté internationale. Imaginons que Laurent Gbagbo reste au pouvoir malgré la victoire à 54,10 % des voix en faveur du Dr Alassane Ouattara. Peut-on encore croire à une expression démocratique en Côte d’Ivoire tant que Gbagbo et son système détient les reines du pouvoir ? La société civile ivoirienne pourra-t-elle réussir ce que la communauté internationale n’a pas réussi ? Dans cette fiction, soyons rassurés que plus personne n’aura le droit de revendiquer quoique ce soit devant un tel régime. C’est la mort de la société civile.

Pendant que j’écris ce billet, un appel téléphonique d’un dissident de la FESCI m’informe que dans le périmètre de l’Université de Cocody, la RTI et Cocody-ambassades, les journaux de l’opposition sont interdits par la FESCI, qui selon les textes, est le syndicat des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Ses militants n’hésitent pas à déchirer tous les journaux d’opposition. C’est leur contribution à l’instauration de la pensée unique, emboitant ainsi le pas à la RTI. Est-ce une revendication estudiantine ? Cette organisation semble ignorer ses propres textes pour se donner une mission de milice. Signe visible de l’échec de l’école ivoirienne.

C’est donc l’avenir de tous les ivoiriens qui se joue ces jours-ci. Certains se font le plaisir de se laisser manipuler par les discours nationalisteset nombrilistes (Le Pen et sa fille Maryline se révèlent leurs derniers soutiens, ça se comprend) des seuls profiteurs des richesses nationales. Ils ne mettront pas long temps pour comprendre la duplicité. Car déjà, nombreux sont les ivoiriens qui ont sanctionné Laurent Gbagbo dans les urnes pour ses déclarations calomnieuses et sans preuves ni fondements, rien que pour diaboliser son adversaire, sans vraiment présenter et défendre son propre projet de société. Cette sanction des urnes, il la refuse. La crainte de voir révélés, comme l’a promis son rival, ses accointances avec l’armée contre les régimes précédents est compréhensive. Mais les ivoiriens doivent-ils être retenus prisonniers pour des calculs personnels nourris depuis lejeune âge (réponse d’un des deux candidats à la question de Brou Aka Pascal lors du débat de 2h30). L’interdiction de visas résoudra-t-elle le problème des ivoiriens qui se meurent à petit feu ? Les exemples Zimbabwéen et soudanais doivent-ils s’ajouter à celui ivoirien afin de faire école pour élèves dictateurs ?

Communauté internationale, ONU, UE, UA et CEDEAO, les ivoiriens dans leurs ensembles et le monde entier vous observent. Votre détermination à sauver le peuple ivoirien reste la caution de votre crédibilité.

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